La Grande Blague.

Comme j'avais le tome 2 sous la main et que le tome 1 finissait de façon un peu intéressante, je l'ai lu.
Haha ! La blague !
L'album fait environ 55 pages.
Il en faut 10 pour que les personnages reviennent dans leur monde. D'ailleurs Pauline vomit plusieurs fois avant d'arriver. Les autres s'inquiètent, mais pas des masses (alors que l'équation est bien connue : dans une fiction, femme qui vomit = femme enceinte 90% du temps).
Erwan réintègre le monde réel après Pauline et cherche à la retrouver. Sauf que le monde réel a bien changé : comme ils ont raté leur rituel dans le monde parallèle, tout s'est aggravé chez nous : le chômage, la crise économique, le réchauffement climatique, les épidémies, etc.
S'ensuivent donc 45 pages où Erwan fait des allers retours dans Paris pour chercher Pauline :
Erwan : Je cherche Pauline.
La voisine : Elle a déménagé. Je vous donne son adresse.
(Déplacement jusqu'à la nouvelle adresse).
Erwan : Je cherche Pauline.
Le concierge : Elle a déménagé. Je vous donne son adresse.
(Répéter pendant 45 pages).
Bref, on dirait le scénario de Mario Bros. Et personne ne joue à Mario Bros pour son scénario.
Bon il finit quand même par trouver une amie de Pauline (genre, comme si elle pouvait avoir des amis...) qui lui en dira plus.
Ces allers retours permettent quand même de se familiariser avec le monde tel qu'il est devenu et de donner à cette bd une pseudo dimension politico-écologique. Sauf que rien n'est crédible : les gens sont au chômage et sont malades. Résultat ils dorment dans la rue, partout dans Paris. Dans Le Grand Mort on ne met pas les gens en quarantaine lors des épidémies et la police ne force pas les SDF a évacuer les beaux quartiers pour qu'ils restent beaux.
Erwan s'étonne de voir autant de monde chez McDonald's : c'est bien simple, les gens n'ont plus d'argent, alors ils viennent manger chez McDo, faute de mieux. Un menu chez McDo coûte environ 7€. Si on veut y manger deux fois par jour ça revient à 420 € par mois. C'est à peu près le montant du RSA... Donc dans Le Grand Mort, les SDF de Paris ont un budget mensuel d'au moins 420 € rien que pour se nourrir, alors que c'est grave grave la crise. Qu'est-ce que ce serait s'ils n'avaient pas d'argent du tout. Il y aurait sûrement des morts dans la rue, ça attiserait les épidémies, ça attirerait les rats et peut-être même que la peste serait de retour. Pour le moment dans le Grand Mort, ça a l'air gérable. En tout cas Erwan, il a l'air de s'en foutre. Lui, il lui reste des sous sur son compte (alors que les banques sont censées avoir plus ou moins coulé...)
Bref, les scénaristes ont encore frappé fort : en essayant de faire un truc un peu écolo, ils montrent juste qu'ils sont complètement cons et ne réfléchissent à rien. Et le plus drôle c'est que la solution pour sauver le monde, c'est de retourner dans le monde parallèle pour réparer les conneries. Une bd qui fait réfléchir sur le monde actuel.