Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? (profitez-en, je ne réécrirai plus le nom de la BD dans cette critique, il est, quoique qu'assez intriguant et attirant, beaucoup trop long à écrire) est une BD décevante. Ce que je qualifierais comme son emballage, c'est à dire tout ce que j'avais pu voir et apprendre avant d'ouvrir l'ouvrage, m'avait pourtant beaucoup attiré.


A savoir, tout d'abord, le titre. Comme écrit plus haut, je n'ai pu m'empêcher de le trouver intriguant et, par la même, attirant. Mais bon, passons. Vient ensuite le moment de la découverte de la pochette : voilà qui ravive ma curiosité. L'image est belle, soignée, et ce grand et gros bonhomme encapuchonné me rappelle un peu le personnage de Blast (quoique moins gros), ce qui est à mes yeux quelque chose de plutôt très bien. Me voilà alors imaginant une plongée dans le psychisme d'un personnage attachant, comme ses yeux doux le laisse deviner, et complexe, comme le titre intriguant le laisse supposer. Cet homme est-il le roi de Prusse ? Lui reprises-t-il ses chaussettes ?
J'en arrive alors à lire le résumé (erreur de ma part, je dois bien l'admettre) : j'apprends donc que la BD explore les rapports et le quotidien d'une vieille dame et de son fils handicapé qui vit toujours chez elle.
Voilà ce que j'appelle l'emballage, et celui-ci est réussi : voilà que je rêve d'un roi de Prusse handicapé ayant un regard doux et une mère qui lui reprise ses chaussettes. Voilà que j'imagine des personnages dont la représentation graphique serait travaillée et les rapports complexes savamment décortiqués. Voilà que je défais l'emballage et entame la lecture...


Voilà que je suis déçu.


D'abord par les dessins. Sans être laids, ils sont d'un banal terriblement frustrant : ce n'est pas mal dessiné, c'est dessiné. Et c'est tout. Et c'est dommage. Je pourrais difficilement étendre ma critique sur ce point étant donné que ce que je leur reproche, c'est justement qu'il n'y a rien à dire dessus. C'est plat, creux et, à la longue, franchement chiant.
La couleur, quant à elle, est absente : tout est terne. On sent que l'auteur cherche à faire passer des émotions, mais déjà à ce niveau, je ressens un blocage. Si la couverture ne révélait pas une palette de couleurs incroyablement diversifiée, elle présentait tout de même un travail de colorisation beaucoup plus nuancé. A l'intérieur des pages, la couleur est plaquée sans ménagement, sans nuance et sans diversité.
Et tout cela correspond finalement à l'histoire et aux émotions que les personnages tentent de faire passer. L'histoire est lisse, sans aucun rebondissement. A une exception près. Une craquelure apparaît dans l'histoire lissée qui nous est présentée et laisse entrevoir l'humain caché au sein des personnages :


A un moment, en effet, la mère craque et hurle sur son fils, déferlant sur lui la pression accumulée et la rage de ne pouvoir vivre une vie normale, de ne pouvoir vivre sa vie à elle.


Mais hormis cette craquelure, ô combien appréciée, rien ne vient troubler l'ennui du lecteur devant la vie trop lisse de deux personnages finalement assez vite barbants. Comprenez-moi bien : ce n'est pas de la violence, de l'action et du sang que je demande, mais de la vie. Que les personnages prennent vie et me parlent, au lieu de s'aplatir et de se taire. Et, si dans mon cas il y a bel et bien eu déception, je ne pense pas qu'il faille avoir une haute attente de l'ouvrage pour trouver qu'il échoue mollement à des miles et des miles de ce qu'il aurait pu être.


Voilà donc une BD qui, à force de tout lisser, ses dessins, ses personnages et leur histoire, échoue à nous parler d'humain, de ce que Céline nommait "le sous-homme claudicant qu'on nous a donné".

Kannfey
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le 10 janv. 2017

Critique lue 370 fois

Kannfey

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