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“Comment marcher sur le chemin de la vie ?” Cette phrase d’introduction en 4ème de couverture de Plus forte que le sabre est-elle réellement représentative du manga ?


Synopsis :


Vers 1550 au Japon sur la presque qu’île d’Izu. Hisa, jeune femme de 15 ans, va se marier avec l’héritier de la famille Shimizu. Femme au caractère fort mais juste, elle devra trouver sa place en tant qu’épouse, femme de chef, et mère de famille. Suivant les préceptes que lui a enseigné sa grand-mère, elle applique sa bienveillance envers sa famille et son peuple.


En détail :


Le manga se déroule à la période Sengoku, le pays traverse une époque bouleversée par les guerres et les rivalités des clans. Le code d’honneur des samouraïs contrôle les actes des seigneurs, et ils se doivent de maintenir une position complexe demandant énormément de responsabilités et de sang-froid. C’est dans ce contexte difficile, où les femmes n’ont pas leurs mots à dire, que Hisa devra évoluer sous plusieurs formes. La première en tant « qu’épouse » : désignée pour se marier au futur chef de clan d’à peine 16 ans, elle se positionne rapidement en épouse forte en se refusant à lui, en lui prouvant qu’elle ne sera pas une figurante, mais sa compagne de vie. De ce fait elle devra assumer les choix de gestions controversés de son mari, forcée à agir contre sa volonté. La seconde en tant que « mère » : elle devra s’occuper de ses enfants, en leur apportant une éducation optimiste et un soutien de fer. Hisa sera le personnage central de cette famille, le pilier qui maintient l’équilibre et la stabilité. Et la dernière sous la forme de « femme de chef » : elle protégera son peuple pendant que les hommes seront en guerre en créant une armée féminine pour se défendre.


Pour cela l’auteur a choisi de la représenter sous les traits d’une femme forte d’esprit et de corps, possédant une force herculéenne tel un sumotori. L’oeuvre ne la glorifie pas pour autant, c’est une femme du peuple au coeur bon. Elle a reçu une éducation exemplaire, et ne baisse pas les bras devant l’adversité, c’est l’idéal féminin qui sait avoir les paroles justes en toutes situations. L’oeuvre racontera, sous multiples facettes, les difficultés qu’elle peut rencontrer en tant que femme dans une société masculine régie par le bushido.


Bien que l’oeuvre soit centrée sur Hisa, la narration se portera au fur et à mesure sur les membres de la famille selon l’importance de la situation. Permettant ainsi de mieux découvrir leurs états d’esprit et leurs actes. Régulièrement la narration délaisse Hisa laissant le récit raconter cette fresque familiale. D’ailleurs dans le dernier tiers, l’histoire se concentre sur l’un de ses fils, qui devra trouver sa place dans un monde en guerre. Toutefois Hisa reste l’élément central.


« Hirata » romance des faits réels et reprend des personnages historiques de l’Histoire du japon. Pour soutenir son propos, il ajoute des cartes géographiques et des notes indiquant quels personnages deviendront historiquement important. Toutefois la complexité de cette époque, ainsi que les multiples noms utilisés auraient mérité un explicatif reprenant les dates et personnages-clés pour aider à la compréhension. Le lecteur peut se perdre rapidement dans la galerie de personnages s’il n’est pas déjà sensible à l’Histoire du Japon. Mais notons que les mangas traitant de cette période ne sont pas légions et le travail du mangaka est impressionnant.


L’auteur immerge le lecteur par de nombreux détails et dialogues soumis à la dure loi du bushido, dans le récit. Car malgré la thématique féminine, ce thème (adoré de l’auteur) est bien présent dans toute l’oeuvre. Il contrôle les faits et gestes de tous ses personnages, et arrivera parfois à des situations frisant l’idiotie pour respecter ce code. L’oeuvre se veut « réaliste » par les propos historiques, intelligente par ses dialogues et touchante par la sagesse d’Hisa et de son fils. Ces derniers permettent au lecteur de relativiser sur les évènements, lui donnant de la matière à réfléchir sur la vie. En utilisant le bushido, « Hirata » essaye de prêcher la bonne parole, une parole juste mais incomprise selon la classe des personnages. Au final l’auteur apporte deux visions contradictoires dans une époque complexe, mêlant ainsi une réflexion sur les actes de chacun, afin que tous trouvent leur place et essayent de vivre en paix avec les autres. Réflexion parfaitement transposable dans nos vies actuelles.


Néanmoins quelques points viennent entacher l’oeuvre, l’auteur par moments en fait un peu trop, les personnages sont souvent trop jeunes en ayant des comportements ou des désirs d’adultes, des résolutions de situation un peu facile, des sauts dans le temps sans indications précises ou une fin rapide. De plus, l’oeuvre s’éloigne un peu trop longtemps de la « parfaite » Hisa, la délaissant même pendant un volume.


Dessin :


Le dessin est fin et détaillé, sublimant le propos, « Hirata » est un maître dans son domaine. L’époque est superbement représentée, relatant avec précision les lieux, armures, habits et coutumes de l’époque. Fourmillant de détails, le tout fait à la main, le lecteur pourra se délecter des paysages ou autres scènes de bataille magnifiquement représentées. Le tout accentué d’effets de mouvements ou de gerbes de sang bien représentés. La patte de l’auteur se reconnaît immédiatement et les habitués ne seront pas dépaysés.


Édition :


Les éditions Delcourt/akata ont publié cette oeuvre en 2010 en france en 3 volumes d’environ 230 pages, l’édition se veut standard (env. 13x18cm) avec jaquette amovible. Rien à redire sur la qualité du papier utilisé, qui est suffisamment blanc pour ne pas être transparent. À noter, quelques pages couleurs en début de volumes sont présentes ainsi que des clés de compréhension tout à la fin. Comme dit plus haut, une explication historique n’aurait pas été de trop et quelques polices d’écritures sont mal choisies pour décrire les lieux. Une édition qui ne se démarque pas mais qui est de très bonne qualité.


Conclusion :


Plus forte que le sabre n’est pas l’histoire d’une femme samouraï mais d’une combattante de la vie. L’oeuvre saura toucher un bon nombre de personnes par la finesse de ses propos et sa vision des choses. Au travers de cette fresque historique et en utilisant un personnage principal féminin, l’auteur émascule en partie la virilité liée à cette époque. Nous découvrons sous plusieurs facettes la position délicate des femmes menant une vie difficile, même dans les castes supérieures. Bien qu’il ne soit pas exempt de défauts, le manga reste touchant, juste et apportera sa vision de la vie. Il ravira les amateurs de bushido, de samouraï et peut-être un lectorat plus féminin, tout en essayant de nous donner des leçons et nous apprendre à marcher sur le chemin de la vie.


Informations techniques :


Copyright : Kairiki no haha by Hiroshi Hirata / Leed-sha © Hiroshi Hirata 2006


Fiche éditeur : http://www.editions-delcourt.fr/serie/plus-forte-que-le-sabre-1.html


Auteur : Hiroshi HIRATA


Réalisation :1993 et 1996 en 3 volumes d'environ 230 pages


Format : env. 13 x 18 cm


Date du publication en France : entre 2010 et 2011


Editeur Français: Delcourt / Akata

darkjuju
8
Écrit par

Créée

le 5 juil. 2016

Critique lue 250 fois

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darkjuju

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