Le premier volume n’est pas mauvais. Puis c’est long.

Yslaire a une idée précise de l’histoire qu’il veut raconter, si bien que celle-ci va plus vite que ses doigts. La narration tire la veste de la matière, on m’impose les enjeux, on m’impose le Victor Hugo mal digéré qu’on veut me raconter avec tant d’enthousiasme, tout arrive toujours avant d’avoir eu le temps d’arriver. Yslaire décide et crie que Bernard et Julie sont amoureux, trop pressé pour les laisser tomber amoureux tout seuls. Yslaire décide que j’en ai quelque chose à foutre du destin de qui que ce soit dans cette affaire, trop pressé pour me laisser m’y attacher moi-même.

Iconographies de surface, sans matérialité.

« Julie la Braconnière » comme un concept étalé sur un bloc-notes lors d’un éclair de génie. « Je tiens mon Esmeralda ! »

Elle n’aura jamais eu de chair, elle n’est qu’un concept.

Une page, une case, un seul regard de chez Tardi me lie plus au destin d’un personnage que quatre volumes de Sambre.

Pourquoi ai-je développé plus de connexion avec le monstre géant qu’Arzach fait tomber dans la foucaille qu’avec Bernard ? Pourquoi ces yeux me glacent et secouent ma vision du monde, quand je m’en tape de ce qui arrive ou pas à Julie à travers toutes ces pages ?

Esthétique lisse ? (:

Tout est planant, on n’entre nulle part.

Qu’est-ce qui n’est pas prétexte à dessiner Julie à poil et dominée, effacée, chahutée ? Où passe le feu de ses premiers regards sous le pont dans les premières pages du premier volume ?

Ce n’est pas déplaisant à feuilleter, mais ce n’est pas la grande tragédie que ça croit être.

Pour Glénat : un papier mat serait plus adéquat pour ces séries sombres. En fonction de l’angle de la lumière, la brillance rend parfois difficile l’approche des compositions les plus ombrageuses.

Scolopendre
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le 27 oct. 2025

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Scolopendre

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