Un tome « Zéro »… Carrément…
C’est sympa d’y avoir pensé pour les fans de la premières heure ; j’entends par là que c'est sympa d’avoir compilé les premières apparitions de l’Inspecteur Canardo dans le périodique (A suivre) pendant que Benoît Sokal se faisait encore la main avec son personnage.


Mais bon, on ne va pas se mentir non plus, ce genre d’album, c’est rarement les plus fameux.
Pensez à « Astérix le Gaulois » ou « Tintin chez les Soviets » : la plupart du temps ça pique visuellement et l’intérêt scénaristique est souvent pas mal réduit…
Eh bah là – surprise – je trouve que ce n’est pas le cas de ce Tome 0.


Pourtant on est bien dans cette logique-là : visuellement, Canardo n’est pas encore le Canardo que nous connaissons.
De la même manière, on sent bien que l’univers de ces premières histoires entend prendre une orientation qui n’a rien à voir avec celui que développera par la suite la saga.
Canardo est ici un Inspecteur de police (ce qu’il ne sera plus par la suite) ; son cadre de vie se réduit à une seule basse-cour (ce qui ne sera plus le cas par la suite) ; on est dans un registre clairement comique, même si le cadre noir et cynique est déjà légèrement en toile de fond.


D’une certaine manière, ce Tome 0 n’a pas grand-chose à voir avec ce qui fera l’identité et la force de la saga.
Malgré tout, je trouve ça très intéressant.
Je trouve qu’il y a dans ces premières aventures quelques pistes pertinentes que je regrette de ne pas retrouver dans les albums suivants.
Certes, le fait que le personnage ait conscient qu’il soit dans une BD et que l’intrigue se moque très régulièrement des codes du genre ne disparaitra jamais vraiment de la saga, mais je trouve malgré tout que dans ces premières aventures il est particulièrement présent et que ça lui donne vraiment du charme.


De même, bien que moins mélancolique, l’humour est – je trouve – assez efficace et gentiment corrosif. En tout cas pour moi ça marche.
Et je trouve même très intéressant de voir comment – au fur et à mesure de ces aventures présentes dans ce Tome 0 – l’univers de Canardo se forge, notamment avec tout ce qu’il a de plus désabusé.


En cela je trouve la dernière aventure vraiment percutante.


Conclure avec un Canardo assez minable, rincé, et qui finit par se foutre en l’air, je trouve ça assez fort. Non seulement ça tranche avec le caractère assez léger du début, mais en plus ça clôt définitivement un cycle (avec le suicide donc), posant ainsi les épisodes suivants non pas comme une suite mais comme une sorte d’alternative.


...
En somme, je trouve que cet album mérite vraiment le détour, surtout quand on est déjà tombé sur d’autres épisodes de la saga avant.
Une très belle curiosité.

lhomme-grenouille
7

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le 14 sept. 2018

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