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Une vérité en pointillés qui manque un peu de mordant

Avec Quelques jours avec un menteur (1997), Étienne Davodeau nous embarque dans un récit introspectif, presque contemplatif, où les dialogues sont aussi cruciaux que les silences. Ce one-shot pose des questions intéressantes sur l’amitié, la mémoire, et les vérités qu’on préfère cacher… mais il lui manque parfois ce petit supplément d’âme pour vraiment captiver.


L’histoire suit un groupe d’amis qui se retrouvent pour un week-end dans une maison de campagne. L’ambiance devrait être à la camaraderie et à la légèreté, mais le retour de Christophe, le fameux "menteur", ravive des tensions et des souvenirs enfouis. La dynamique entre les personnages est crédible, mais le rythme lent et l’absence de véritables pics narratifs rendent la lecture parfois monotone. On attend le moment où la vérité éclatera, mais elle se fait attendre, un peu trop.


Graphiquement, Davodeau reste fidèle à son style réaliste et épuré. Les dessins en noir et blanc sont efficaces, avec des décors simples mais évocateurs qui servent bien l’atmosphère feutrée de l’histoire. Les expressions des personnages, discrètes mais justes, ajoutent une dimension émotionnelle à des dialogues souvent sobres. Cependant, ce minimalisme visuel, s’il est cohérent avec le ton du récit, peut manquer de variété pour maintenir l’attention tout au long de l’album.


Le cœur du récit repose sur Christophe, un personnage ambigu dont les mensonges perturbent autant qu’ils fascinent. Mais à force de jouer sur la subtilité, le personnage reste un peu trop en retrait, et ses motivations profondes ne sont jamais vraiment explorées. Les autres protagonistes, bien que bien écrits, peinent à sortir de leur rôle de figurants dans cette intrigue centrée sur lui.


Le principal reproche à faire à Quelques jours avec un menteur est son manque de tension. Les enjeux, bien que présents, semblent s’effilocher au fil des pages, et le final, bien qu’émouvant, n’apporte pas la catharsis qu’on attendait. C’est un récit qui préfère suggérer plutôt qu’affirmer, ce qui plaira à certains mais frustrera ceux qui aiment des intrigues plus structurées et percutantes.


En résumé, Quelques jours avec un menteur est une œuvre sincère et bien construite, mais qui manque parfois d’énergie et de profondeur pour marquer durablement. Étienne Davodeau propose une réflexion intéressante sur les relations humaines et les vérités qu’on se cache, mais le résultat reste trop timide pour vraiment briller. Une lecture agréable, mais qui pourrait laisser certains lecteurs sur leur faim, en quête d’une vérité plus éclatante.

CinephageAiguise
6

Créée

le 13 déc. 2024

Critique lue 18 fois

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Davodeau est censé nous offrir "un récit doux amer"... où est cette bande de potes se disant ses quatre vérités?où est l'intrigue? bref, je suis déçue!

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