Un héros brutal dans un récit à la progression précipitée

Un assassin loyal trahi par les siens, une tête coupée, une seconde chance... et une soif de vengeance glaciale. Bichir van Baskerville, ancien "chien de chasse" du clan du même nom, revient d'entre les morts pour mordre bien plus fort que jamais. Et sur le papier, tout est là pour une saga sombre, violente et haletante.


Bichir est un protagoniste sombre et redoutable, froid comme la lame de ses dagues, et bien décidé à ne plus jamais être un simple outil. Sa transformation psychologique, après sa résurrection dans le corps de son jeune moi, est intéressante : c’est un personnage désabusé, lucide, et totalement détaché émotionnellement. Un vrai anti-héros, à la limite du sociopathe.


Mais ce détachement a aussi ses limites narratives : il devient parfois difficile de s’attacher à lui ou de ressentir une réelle tension dans ses aventures. Il écrase tout, tout le temps, sans grande opposition. Le syndrome "Solo Leveling" n’est jamais très loin.


L’univers des 7 clans et des démons semble riche et complexe, mais il est souvent relégué au second plan. De même, le système de pouvoirs, pourtant présent, reste peu développé : il est vite rendu obsolète par les exploits de Bichir, qui saute les étapes sans réelle progression visible. Du coup, il est difficile de ressentir de la tension ou de l’émerveillement face à ses exploits. Il est déjà trop fort, et devient encore plus fort... très vite.


On aurait pu espérer un arc d’évolution lente, sur plusieurs années, mais le manga semble résolu à aller à l’essentiel — ce qui a ses avantages, mais aussi ses lourdes conséquences sur le rythme et la profondeur.


L’académie magique, élément classique mais efficace dans bien des récits, est ici introduite tardivement, après que Bichir a déjà conquis une montagne d’obstacles. Résultat : elle semble totalement inutile. Elle ne sert ni à le faire évoluer, ni à créer un réel changement de rythme ou d’enjeu. On se demande franchement pourquoi il y va, sinon pour rassembler de nouvelles cibles ou admiratrices.


Toutes les filles tombent amoureuses de lui. La sainte, la barbare, la princesse… Aucun personnage féminin ne semble résister à son charisme glacial. Et lui ? Il semble s’en ficher royalement. Cette mécanique du "harem" mal assumé devient vite répétitive et dérangeante, surtout quand elle n’apporte rien au récit sinon flatter l’ego du personnage.


RomainMerrant
7
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il y a 4 jours

RomainMerrant

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