Attiré comme un bon gros mouton par la hype et excité par la bande-annonce du film, je me suis - tardivement - lancé dans la lecture des 6 tomes de Scott Pilgrim, achetés d'un coup histoire d'être prêt au moment de la sortie en salle de cette "œuvre générationnelle pour geeks" comme je le lisais/entendais partout.

Et j'ai bien fait de prendre les 6 tomes, sinon, je me serais surement arrêté en cours de route.

C'est pourtant plein de bienveillance que j'avais entamé la lecture, déjà convaincu que j'allais adorer - et c'est sans doute ce qui fait que les premiers volumes m'ont laissés plus circonspect qu'autre chose. Le dessin, tout d'abord, typé "manga" dans l'acception la plus paresseuse du genre, n'est pas franchement terrible et oscille entre le sympathique-rigolo et le bof. Les personnages sont souvent difficiles à différencier les uns des autres - à l'exception des rôles titres, les personnages secondaires, féminins notamment, ont un peu tendance à se ressembler. La faute aux "grands yeux comme dans les mangas lol", je suppose.

Et les personnages, parlons-en. Scott Pilgrim. Rating : Awesome. Vraiment ? Le héros de l'histoire est présenté comme un gentil loser, le mec qui lutte un peu au quotidien mais qui a un bon fond. Il m'a surtout fait l'effet d'un trou du cul de branleur particulièrement antipathique. Le genre de mec qui n'en fout pas une rame mais qui réussit à scorer des nanas sans effort, et qui se retrouve au plumard avec la fille de ses rêves (littéralement) en l'espace d'une dizaine de pages. C'est marrant, mais j'ai un tout petit peu de mal à m'identifier.

Et autant ça ne lui prend que quelques pages pour attraper Ramona, autant pour le reste... La BD souffre d'un manque de rythme dans la narration : bien souvent, il ne se passe à peu près rien, pendant longtemps, et d'un coup, tout s'accélère et on se retrouve dans un énorme combat plié aussi sec. Un peu étrange. Le tout est emballé dans une avalanche de références et de clins d'œil à la culture rock et jeux vidéo. C'est même le "key selling point" de la BD, ressassé ad nauseam : Scott Pilgrim c'est trop bien, il y a plein de références aux jeux vidéo. Alors certes, il y en a plein, mais elles sonnent un peu trop appuyées par moment. Ainsi, le tout premier groupe de rock de Scott s'appelle "Sonic & Knuckles". COMME LE JEU DU MEME NOM ! WINK WINK ! Je suis dur, mais j'ai parfois l'impression que les gamers sont tellement contents dès qu'un film, un roman, une BD cite un jeu vidéo ou en utilise les codes que l'œuvre en est automatiquement canonisée.

Et pourtant, malgré la moue un peu dubitative que je m'employais à prendre en tournant les pages, j'ai continué à lire. La petite vie de Scott continuait de me trotter dans la tête dans la journée, et j'étais content de reprendre ma lecture le soir. Et le 4ème tome est arrivé, le bien nommé "Scott Pilgrim gets it together", et j'ai arrêté de faire mon blasé de base. Le graphisme s'est soudain affiné, plus maitrisé, notamment lors de très chouettes scènes de fight au sabre. Le récit s'est enfin emballé, les enjeux narratifs allant finalement quelque part. Je n'avais plus envie de frapper Scott à la gueule. Surtout avec son super T-shirt des Smashing Pumpkins. Les références gaming sont devenues plus malines, moins gratuites et servaient l'histoire. Tout ce petit monde était maintenant extrêmement attachant, et je voyais arriver le grand final avec ce mélange typique d'excitation, d'envie et de Mellon Collie anticipée que l'ont ressent quand on s'approche de la fin d'une histoire qu'on aime.

Don't believe the hype. Scott Pilgrim, ce n'est pas la "best-BD-ever". Ce n'est pas non plus un traité indépassable sur les relations humaines et les vertiges de l'Amour (de ce point de vue, on est plus proche d'"Hartley Cœurs à Vif" que de "Scènes de la vie conjugale"). C'est juste une BD profondément attachante, bourrée de défauts mais marrante comme tout, qui se veut un peu trop cool et qui parvient quand même à l'être. Et c'est déjà pas mal.
SmashingPenguin
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le 1 nov. 2010

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