Réécriture d’une légende bretonne, Sœurs d’Ys s’inspire de différentes versions de l’histoire de la cité engloutie Ys et de Gradlon, roi de Kerne, qui épousa une sorcière pour la gloire et le pouvoir. A la mort de cette dernière le royaume, construit et protégé par la magie, révèle ses failles et faiblesses. De leur deux filles, seule la cadette, Dahut, semble vouloir préserver le monde qu’elle connait et choisit de suivre le chemin de sa mère. Rozenn, l’ainée, rêve de changements pour un avenir plus lumineux dans lequel les hommes vivraient sans se faire la guerre. Elle fuit le château et les mondanités pour une vie plus simple au plus de près de la nature et des animaux.
Avec sa magie et ses créatures fantastiques, Sœurs d’Ys s’inscrit dans le registre du conte fantastique tout autant qu’il est une légende dans la tradition populaire des peuples celtes. M.T. Anderson a fait le choix de reprendre trois versions de l’histoire pour en créer une vision moderne qui entre en résonance avec notre époque par un questionnement sur la maitrise des éléments par l’homme et le désir permanent d’accumulations qui ébranlent notre planète et mettent en danger notre monde par l’épuisement de ses ressources naturelles.
Le travail graphique de Jo Rioux reflète le récit par un jeu des couleurs oscillant entre ombres et lumières. Il utilise ce contraste pour illustrer la différence des deux sœurs tant sur leur apparence physique que sur les chemins qu’elles empruntent. Son trait tout en rondeur est surprenant au premier abord, principalement au niveau des expressions faciales des personnages. On le retrouve dans la mise en page qu’il dynamise mais se veut surtout le reflet d’une culture et d’une civilisation anciennes qui ont su laisser une emprunte dans le temps par une culture riche.
Découverte plaisir, voyage magique, Sœurs d’Ys est un roman graphique incroyable qui m'a littéralement séduite, me faisant presque regretter qu’il n’y ait pas plus de pages.
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