hier
La vie avant la mort
La couverture annonce la couleur : Crumb qualifie Special Exits (curieusement édité et traduit sous deux titres différents en français) de “l’un des meilleurs romans graphiques qu’il ait jamais lus”...
SensCritique a changé. On vous dit tout ici.
La couverture annonce la couleur : Crumb qualifie Special Exits (curieusement édité et traduit sous deux titres différents en français) de “l’un des meilleurs romans graphiques qu’il ait jamais lus”. Et il s'est retrouvé avec les larmes aux yeux. Rien que ça. Une accroche racoleuse qui cache en réalité un récit aussi juste qu'intime : la chronique de la mort annoncée de Lars et Rachel, le père et la belle-mère de l'autrice.
De prime abord, j’ai été rebuté par le dessin, qui reprend les codes du comics underground dans la veine de Crumb (forcément), avec moins de maestria graphique. Noir et blanc intégral, trait un peu tremblant, hachures noires, mais on s’y fait, et j’ai été très touché par l’évolution subtile des traits des personnages âgés, dont le déclin physique se fait de plus en plus évident.
Comment éviter le pathos avec un sujet pareil ? Il y en a, mais exprimer la tristesse, la mélancolie et le fatalisme, quand on parle d’une mort annoncée, c’est difficile. Joyce Farmer parvient à donner du rythme avec ses ellipses, et à distiller des moments de joie : le décrochage d’un horrible tableau cinquante ans après, ou la redécouverte de petits plaisirs culinaires oubliés.
C’est monotone, forcément, et pourtant la tragédie annoncée fait office de fil rouge efficace. C’est clairement une BD qui ne m'aurait pas intéressée plus jeune, et dont la thématique nécessite sans doute un peu de vécu pour être pleinement appréciée.
Bien qu’en étant l’une des protagonistes, Joyce Farmer évite le nombrilisme de l’autofiction, en se concentrant sur Lars et Rachel, et en ouvrant le propos à un angle socio-politique. L'histoire est parfois choquante, car elle ne pourrait en l’état arriver dans nos social-démocraties européennes : une femme âgée qui garde ses médicaments périmés depuis dix ans pour ne pas avoir à en racheter ou qui n’ose plus se rendre chez son médecin depuis au moins aussi longtemps. Sur l’impatience des hôpitaux à vous jeter dehors ou la maltraitance en maison de retraite, ce n'est par contre pas si sûr…
Joyce Farmer retrace la vie de ces vieux, oubliés, déclinants, mais animés par une pulsion de vie, des petites obsessions et un besoin de dignité, même dans la mort. Très touchant et juste.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lectures BD 2025
Créée
hier
Écrit par
hier
La couverture annonce la couleur : Crumb qualifie Special Exits (curieusement édité et traduit sous deux titres différents en français) de “l’un des meilleurs romans graphiques qu’il ait jamais lus”...
le 10 août 2013
Je risque d'être un peu dur avec ce roman, mais il faut me comprendre, j'en attendais beaucoup. 7.3 sur SensCritique, auréolé de nombreux prix littéraires que je pensais garants d'une certaine...
le 14 oct. 2013
Je dirais qu'il y a trois manières de noter un produit culturel : au feeling pur, partir d'une note parfaite et retrancher des points en fonction des défauts ou l'inverse. Et selon le point de vue,...
le 24 déc. 2012
Je n'avais jamais lu cette fameuse "Jeunesse de Picsou" auparavant, et à force de la voir trôner dans le top 10 BD de SensCritique, j'ai eu envie de la lire. Cette réedition tombait donc à point...
NOUVELLE APP MOBILE.
NOUVELLE EXPÉRIENCE.
Téléchargez l’app SensCritique, explorez, vibrez et partagez vos avis sur vos œuvres préférées.

À proposNotre application mobile Notre extensionAideNous contacterEmploiL'éditoCGUAmazonSOTA
© 2025 SensCritique