"Mort d'un flic" : polar héroïque en 4 parties

J'ai découvert ce récit en occasion dans la bd Nova (103 à 106 pour la première saga du rédempteur). C'était les kiosques Lug typiques années 80 mais le travail d'éditions était de qualité. Rien que le titre par exemple. Chez Panini on a « la mort de Jean Dewolff ». C'est long et purement factuel. Dans Nova, on trouvait bien mieux : une introduction en voix off, les dernières pensées de l'inspectrice puis une large case avec vue sur son cadavre inanimée. « Mort d'un flic, première partie » Là c'est sale, c'est violent, rien qu'en raccourcissant le titre on comprend mieux ce dont l'album va parler, le ton qu'il va employer.
Car ne vous y trompez pas, on a beau être à une période d’adolescence des comics, ce récit fait partie de ceux qui ont fait grandir les héros, à l'image de la mort de Gwen Stacy avant et de la dernière chasse de kraven après - si on souhaite rester sur Peter Parker.


Les éléments qui me permettent de l'affirmer ? Le personnage du révérend Jackson, dans la bd célèbre depuis l'affaire d'Atlanta, qui apporte d'entrée le sujet du racisme, notamment des violences policières. On le sait, c'est malheureusement encore un thème d’actualité aux États-Unis. Ensuite il y la notion de justice portée par Daredevile et son alter-ego l'avocat Murdock. Dans ces deux existences il s'efforce de favoriser l'équité et la raison, d'agir sans impulsion personnelle. Il se sent sali de libérer des voyous alors même qu'il a mené brillamment l'affaire, mais il se doit de croire dans la machine judiciaire, malgré les failles. De même il risquera sa vie pour protéger le rédempteur durant son transfert, quand bien même il lui reproche la mort d'un ami. La vengeance n'a pas sa place dans le monde des justiciers et cette leçon il l'inculquera au jeune Spider-Man. Enfin, je noterai l'omniprésence de la mort. Le rédempteur frappe inexorablement à chaque chapitre, hommes et femmes s'effondrent criblés de balles. Y compris un simple passant qui décède hors-champs : Spidey avait esquivé un coup de fusil, on découvre qu'un innocent en a payé le prix. De cette terrible affaire, de ce polar super-héroïque, l'auteur livre une morale sombre et pessimiste : le mal ne se cache pas derrière la folie (chez Marvel il s'agit des vilains, dans le tome du faux tueur aux troubles mentaux) mais derrière chacun de nous. Et ce n'est pas en rejetant l'autre, en détruisant en retour qu'on réalise le bien. Le rédempteur pensait créer une ville meilleur par ses méthodes tout comme Spidey un meilleur monde en le frappant à mort, aucun n'a raison. DD, sans pardonner, comprend que céder à la haine serait céder au mal que nous cachons tous derrière notre masque. Le plus dur étant que la bd finit sur le vétéran M.Popchik qui succombe à ses démons, blessant trois jeunes délinquants de sang froid pour ramener cette sécurité dont il se sentait dépouillé.
En outre, on voit en arrière plan la place et le rôle des médias être traités superficiellement.


Au niveau du rythme on assiste par ailleurs à une enquête très bien menée, avec les quelques rebondissements efficaces qu'il lui fallait. L'alternance entre les deux héros est gérée correctement et les scènes dans l’église apportent un calme malsain précédant le prochain meurtre. Les comportements des protagonistes ont des explications satisfaisantes et on se réjouira de voir pour une fois le sens de l'humour de l'araignée disparaître de ces pages.


Au niveau du graphisme, c'est le principal défaut de ce comics. Le dessin est quelconque, le découpage tout ce qu'il y a de plus classique et surtout les bulles empiètent trop sur les cases. Une narration davantage intériorisée comme le fera la dernière chasse de Kraven aurait beaucoup apportée.


En conclusion, la saga du rédempteur offre une enquête policière excellente qui oppose deux idéologies sur la justice. Pas aussi reconnu que d'autres arcs de l'Araignée la faute à un graphisme fade, il me paraît avoir sa place à côté de très bons récits Marvel des années 80.


NB: L'histoire compte par ailleurs beaucoup dans la continuité, les deux héros s'y révélant leurs identités et Venom y trouvant son origine.

WeaponX
8
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le 15 mars 2016

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