Spirale
7.9
Spirale

Manga de Junji Itō (1998)

* Critique originale disponible sur Duotaku no Sora *

Vous voyez, monsieur Goshima, je sens que ces choses qu'on appelle Spirales recèlent un grand mystère. En fait... Je suis persuadé... qu'elles sont la clé d'un pouvoir fabuleux !

Dans la petite ville de Kurouzu, tout semble d'apparence tranquille. Cependant petit à petit, les habitants vont commencer à éprouver une mystérieuse obsession pour les spirales.

Kirie et son petit ami Shuichi vont alors découvrir qu'il se produit de plus en de plus de phénomènes mystérieux dans la ville.


Itô Junji est un mangaka à la carrière longue et prolifique. Considéré comme le maître de l'horreur dans le manga, plusieurs de ses œuvres ont ainsi obtenu le statut de manga culte au fil des années, faisant de lui un auteur incontournable (mais pour lecteurs avertis !).


Parmi elles, Spirale est sans aucun doute l'un de ses mangas les plus plébiscité. L'occasion de revenir sur celui-ci avec la venue du Maître à Japan Expo !


Des spirales pour seule obsession


Spirale est donc une histoire simple à première vue où chaque chapitre nous fera suivre Kirie, une jeune lycéenne, qui se verra confrontée à de mystérieux phénomènes. En effet, les habitants de Kurouzu vont chacun à leur manière commencer à éprouver une obsession malsaine pour les spirales. Celles-ci deviendront alors une source d'angoisse et de tension permanente, chaque chapitre venant introduire une nouvelle manière d'accentuer l'horreur. Par exemple le body horror avec ses nombreux corps enlacés se tordant comme des serpents, ou encore ce fameux plan avec cette fille ayant une spirale dans le visage, ou encore la folie qui finira par toucher tous les citoyens de la ville. Ainsi aucun personnage ne sera véritablement à l'abri de l'obsession des spirales qui les mènera à terme à la folie pure.


Toutefois si l'histoire s'avère intéressante, donnant envie de comprendre la raison de ce phénomène, il faudra attendre le dernier tome pour obtenir des réponses qui s'avèreront au final assez philosophiques. Une conclusion assez étonnante lorsque l'on compare au ton des premiers chapitres de l'œuvre bien plus anxiogène.


Ainsi l'histoire mettra certes peu de temps à se lancer mais commencera à stagner tout aussi rapidement. On pourrait davantage catégoriser Spirale comme un slice of life où chaque chapitre nous montre un des effets de l'obsession des habitants avec la spirale, avec Kirie et Shuichi comme témoins. Néanmoins, on ne peut que saluer l'ambiance assez malsaine régnant tout au long de l'œuvre où chaque chapitre fait pire que le précédent en termes d'horreurs. Mais au-delà d'un chapitre "gore" gratuit, il y aura également quelques histoires parfois tragiques, dépeignant les pires aspects des comportements humains et montrant que la folie touchant les habitants étaient déjà ancrées en eux bien avant l'apparition des fameuses spirales.


Difficile d'émettre un avis sur les personnages tant ils seront assez peu dépeints. Shuichi, le petit ami de Kirie sera le seul à comprendre que quelque chose ne tourne pas rond dans la ville. Il cherchera toujours à fuir mais sera vite résigné face à la passivité de Kirie. Kirie pour sa part sera le principal témoin des événements se découlant dans Kurouzu… Toutefois, elle restera généralement passive. Si on peut comprendre son hésitation à fuir à cause de sa famille qui est toujours dans la ville, il n’empêche qu'au vu des multiples événements qui lui arrivent, elle aurait normalement toutes les raisons de le faire.


Ainsi si ces deux personnages s'avèrent assez oubliables à première vue, c'est pour la simple raison qu'ils ne servent que de témoins pour les évènements se déroulant à Kurouzu. Et c'est de leur point de vue que l'on assistera à l'inéluctable chute de cette ville. Et si on retrouvera d'autres personnages, la plupart là-aussi s’avèreront très quelconques, le focus étant davantage mis sur leur obsession. Ainsi tous les personnages seront dérangeants, si bien qu'ils participeront à l'oppression constante que l'on peut ressentir en tournant les pages du manga...


Une imagination débordante pour dépeindre l'horreur sous toutes ses forme


Concernant le dessin, l'auteur n'a rien à prouver. Dès les premières pages, Itô Junji dévoile tout son art en insufflant une ambiance anxiogène montrant la ville de Kouruzu entourée par les montagnes escarpées et la mer aux reflets inquiètants, une manière de montrer que l'intrigue se déroulera uniquement dans ce lieu où aucun échappatoire n'est possible.


Le style très réaliste de l'auteur se verra particulièrement sur les expressions des personnages où la folie se fait retranscrire. Et bien sûr, on ne peut que saluer l'imagination débordante de l'auteur dont le titre Maître de l'Horreur n'est pas usurpé.


Entre les amas de chair humaines, des hommes-escargots, cette fille avec une spirale dans son visage donnant une créature cauchemardesque, ou tout simplement une femme se mutilant en proie à une phobie extrême, l'auteur parvient à nous immerger dans son univers cauchemardesque en quelques pages seulement.


De plus, si le rythme de l'histoire tient tout du slice of life, on peut saluer l'ambiance anxiogène saisissante dès les premières pages et dont chaque page tournée nous plonge davantage dans l'horreur avec une montée permanente jusqu'au final.


Une oeuvre culte ?



Ainsi Spirale est une œuvre assez compliquée à juger.


Si j'ai apprécié ma lecture, j'ai tout de même bien eu du mal à comprendre ce qu'elle souhaitait me raconter. Car même si je ne suis pas fan du body horror, je resterai toujours intrigué par un manga qui souhaite me raconter une bonne histoire.


Spirale n'est pas une œuvre inintéressante, bien au contraire, on y retrouve tous les pires aspects de l'humain qui, une fois les barrières de la société tombées, devient un monstre. Et c'est sûrement grâce à ce thème intemporel que le manga, encore aujourd'hui, peut parler à beaucoup de monde.


Une œuvre que j'ai apprécié mais sans plus à vrai dire, mais qui en revanche m'a donné bien plus envie de me pencher sur les œuvres de Itô Junji !

Duozora
7
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Créée

le 10 sept. 2025

Critique lue 3 fois

Duozora

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