Spirale
7.9
Spirale

Manga de Junji Itō (1998)

Grosses ficelles, tellement efficaces

Préambule : En grand frustré devant les dernières productions ciné d'horreur / épouvante, ne fonctionnant plus que par du Jump-scare et délaissant de plus en plus l'ambiance, l'horreur visuelle et les métamorphoses suintantes sur fond de drame psycho au profit des esprits malveillants, des malédictions ou du torture porn (sûrement moins cher et plus rapide à produire), je me suis récemment rabattu sur l'horreur en bande dessinée.
J'ai commencé à m'intéresser aux comics d'horreur américains de chez EC comics (Tales From The Crypt, The Vault Of Horror, ...) pour y trouver non pas l'horreur visuelle que j'affectionne tant dans les films de Cronenberg ou le travail de Rob Bottin dans The Thing : crade, inattendu, visuel, fou, dégueulasse, et génial) mais plutôt ces fameux twist finaux très à la mode dans ces comics et les épisodes de La Quatrième Dimension.
Voilà mon estomac comblé niveau suspens. Mais il restait un manque niveau horreur visuelle, et c'est là que j'ai commencé à m'intéresser au J-Horror, avec ce Spirale de Junji Ito, sans connaître quoi que ce soit de l'auteur, de l'oeuvre, ni du genre. Je limitais sans savoir l'horreur Jap' au fameux fantome de la vengeance Yurei, que j'ai fini par détester car omniprésent dans la vague des années 2000 dans des films comme Ring, The Grudge, etc (cette fameuse chose à cheveux longs noirs). Assez lassant comme figure de terreur...

Le récit de Spirale est tiré par de grosses ficelles visibles dès le début, il y a un côté rétro dans la façon dont les événements s’enchaînent, toujours de la même manière, avec une sorte de twist à la fin de chaque chapitre, mais qui à l'avantage de nous plonger tout de suite dans le jeu du suspens à la fin de chaque "nouvelle", toutes reliées par une même histoire qui évolue vers le genre catastrophe, par les proportions que prennent les phénomènes que l'on découvre et énumère au début de l'histoire.

Car si il y a deux parties distinctes dans cette oeuvre, la seconde est beaucoup moins prenante et linéaire, et réutilise les phénomènes découverts avec effroi dans la première. Je trouve ça regrettable, on finit par savoir que la prochaine découverte horrifique ne sera pas à la fin du chapitre mais à la fin du livre.

Nous adoptons le point de vue d'une adolescente blonde étrangement occidental au milieu de tous ces japonais (sans que la question ne se pose, jamais) et nous la suivons dans la progression du délabrement de sa ville sous l'influence grandissante de la spirale, sans la voir réellement terrifiée ni même vraiment étonnée ("serait-ce l'infuence de..LA SPIRALE??" se demande t elle encore après avoir vu 150 personnes se tordre en spirales depuis des mois...) mais on finit par oublier ça et se glisser nous même à la place de cet esprit un peu...creux.
Ce n'est d'ailleurs pas le personnage le plus creux et inintéressant de l'oeuvre mais inutile de s'y attarder.

En bref, Spirale a le mérite d'offrir une horreur graphique, esthétisée, des transformations grotesques et du suspens, qui surpasse les quelques défauts cités plus haut. Concernant le défaut de la faiblesse/changement de rythme de la deuxième partie, elle a le mérite de m'avoir donné envie de le relire immédiatement, et de découvrir le reste de l'oeuvre de Ito, essentiellement composée de nouvelles horrifiques.
YynnkK
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Le grand top Junji Ito (avec un top des meilleures histoires, par livre)

Créée

le 26 oct. 2014

Critique lue 350 fois

1 j'aime

YynnkK

Écrit par

Critique lue 350 fois

1

D'autres avis sur Spirale

Spirale
Raoh
8

Ouzoumaki

Je ne connaissais que le film "Uzumaki", que j'avais trouvé plutôt pas mal bien qu'un peu cheapos sur pas mal de points. J'ai appris plus tard que c'était un film live adapté d'un manga, renommé...

Par

le 11 juil. 2011

11 j'aime

3

Spirale
janorio
6

Un beau dessin mais une histoire qui flanche

Lorsque j'entendais parler de Junji Ito j'en entendais toujours la même chose : c'est de l'horreur corporelle, bien réalisée à l'aide de bon dessins, mais il devrait tout de même se limiter a des...

le 27 août 2019

10 j'aime

Spirale
Bidontavu
8

Un traumatisme

Et pas un traumatisme au sens figuré, hein. Au sens propre. Une œuvre choquante, à tel point que je m'en souviens encore aujourd'hui alors que je l'ai lue il y a 6 ans...Ici, le scénario comme le...

le 28 sept. 2010

10 j'aime

Du même critique

Caméra Café, 20 ans déjà
YynnkK
7

Un café très bien dosé.

Et bien le petit téléfilm anniversaire de Caméra Café, sans prétention, sans enjeu et sans trop de moyen, a su m'apporter ce que le grand film de Kaamelott n'aura pas su donner : du plaisir. Un...

le 25 janv. 2023

5 j'aime

1

L'Énigme de la faille d'Amigara
YynnkK
8

Un bonus mémorable

Présent à la fin du manga Gyo (vous savez, les méchants poissons), et précédé de la sans doute plus courte nouvelle de Ito, La triste histoire d'un père de famille, 4 pages, plutôt cool. Très...

le 20 avr. 2015

5 j'aime

The Colour of Spring
YynnkK
8

Chef d'oeuvre sous contrainte

Troisième album sur Cinq, la moitié donc. Ce qui saute aux oreilles, c'est que Talk Talk continue à évoluer et ne stagne pas dans son registre habituellement pop. Un public désormais nombreux attend...

le 26 oct. 2014

5 j'aime