Il a déjà été évoqué par mes petites papattes quelques aventures dessinées de Mario publiées aux États-Unis et édités partiellement de ce côté de l’Atlantique.

Bien entendu, sur sa terre natale japonaise, Mario fut plusieurs fois adapté sur le format papier. L’une de ses séries phares est Super Mario-kun, qui existe depuis 1991 et est toujours en cours, et oui. Une cinquantaine de volumes reliés sont déjà parus, tous de la plume de Yukio Sawada, qui a même eu droit à plusieurs déclinaisons.

Florent Gorges est quelqu’un de très bien, fondateur des éditions Pix’n Love et Omaké Books, c’est un historien du jeu vidéo et du Japon talentueux. Aussi bien à l’aise avec le français que le japonais, il est bien entendu tout indiqué pour traduire et adapter des mangas tels que Super Mario-kun par chez nous mais aussi d’autres références encore.

Quand il a annoncé la parution du premier tome de Super Mario Manga Adventures, titre français retenu, il a bien prévenu que certains lecteurs pourraient être surpris par cette nouvelle publication, assez loin de ce qu’on peut attendre habituellement d’une telle adaptation par chez nous.

Car SMMA vise un public enfant, ce qui n’est pas vraiment une surprise pour une licence telle que Mario, mais le contenu de ces épisodes est un concentré d’énergie folle et juvénile qui a besoin de quelques pages voire de tomes pour être pleinement digéré et accepté. Ces premiers tomes entraînent Mario, Luigi et Yoshi à la rescousse de la princesse Peach, mais ils vont se prendre bien des embûches en pleine poire. Les « héros » arrivent à leur fin, mais ne sont guère des plus glorieux, entre Mario qui fonce tête baissée ou Yoshi qui est un boulimique infatigable, ou quand l’un utilise l’autre pour fuir ou comme bouclier. Les sbires de Bowser ne seront guère plus malins, les pièges qu’ils tendent se retourneront contre eux, à moins qu’un coup de pouce d’un bonus les fassent vite retourner penauds se faire gronder voire tabasser par le roi Koopa.

Curieusement, même si la princesse Peach est kidnappée, sa bonne humeur et sa malice détonnent, pour un personnage à l’époque transparent dans les jeux vidéo. On pourrait presque en tomber amoureux.

L’humour de ce titre est donc assez appuyé, avec chutes et gags visuels bien évidents, à l’auto-dérision incessante mais amusante. Attention, l’humour est japonais, quelques blagues scatophiles surprennent le lecteur occidental peu habitué à ce genre de plaisanteries et qui ne s’imaginait probablement pas Mario et ses amis jouer de ce registre.

Les tomes lus (une demi-douzaine pour l’instant) sont aussi riches en jeux de mots. Certaines références typiquement japonaises sur les rituels traditionnels ou certains plats sont assez bien intégrés à un titre qui reste destiné en premier lieu aux enfants, on n’y trouvera pas de notes pour expliciter. Même si quelques clins d’œil discrets s’adresseront aussi aux plus vieux. Certaines trouvailles utilisées en français soulignent d’ailleurs une adaptation remarquable, signée Florent Gorges, qu’on salue encore une fois, il le mérite.

La série est aussi intéressante pour le folklore de Mario utilisé et si les premiers tomes reprennent l’univers de Super Mario World, les suivants se caleront aux nouvelles sorties des jeux Mario. Cela se voit dans le bestiaire utilisé, les personnages présents, dans la manière de défaire certains ennemis ou dans les bonus qui attribueront différentes fonctionnalités. Mais dès ces premiers tomes, Yukio Sawada pioche aussi dans les jeux Mario précédents, même pour le mal aimé Super Mario Land, leur faisant même référence parfois de façon explicite, n’hésitant pas à briser le 4ième mur.

Mais là où c’est encore plus réussi, c’est que la série ne se contente pas de reprendre le cadre de Mario des jeux vidéo, mais n’hésite pas aussi à se balader dans l’univers d’autres jeux Nintendo. Ces épisodes récréatifs sont évidemment passés à la moulinette de l’humour habituel de la série, dans l’épisode « The Legend of Mario !?! Panique dans le monde de Zelda !!! », Mario fera donc un détour dans le monde de Link, accueilli par une épée lancée sur ses fesses, étonné mais ravi que des rubis se trouvent dans les buissons, au moins jusqu’à ce qu’une bombe explose. L’absurde du manga permet donc de se moquer de certains choix ou idées de ces jeux qui peuvent sembler incongrus avec un autre regard. En dehors de quelques grands jeux, tels que The Legend of Zelda, Mario Kart, Mario Paint ou Donkey Kong Country, d’autres sont moins connus chez nous ou ont été un peu oubliés, à l’image de Panel de Pon ou du Superscope de la Super Nintendo.

Bien sur, faire référence aux nouveaux titres Nintendo n’était pas sans arrière-pensée commerciale, mais avec le recul permis grâce à cette édition française tardive, c’est aussi tout un pan d’un univers Nintendo interconnecté par la folie de ce manga qui se découvre au lecteur. Le plus jeune sera peut-être un peu surpris, mais sans avoir joué aux titres en question, les gags se comprennent tout seuls pour la plus grande majorité. Pour le curieux un peu plus vieux ou fan des productions Nintendo, découvrir ces références est un régal.

Cette édition plus de 20 ans après le début de la publication japonaise a aussi été possible grâce au trait de Yukio Sawada, rond et exagéré, enfantin mais charmant, intemporel. Il est même regrettable qu’on n’ait pas revu les designs de Mario, Luigi ou Princesse Peach (<3) dans d’autres titres Nintendo, à ma connaissance. Même pas un petit esprit dans le dernier Smash Bros, jeu muséal. Peut-être est-ce aussi une question de droits avec les éditions Shōgakukan. Par contre, une fois encore, il faut s’habituer à la lecture de ces pages, au rythme frénétique, aux compositions chargées. Les personnages sont toujours en mouvement, un gag en chasse l’autre, cela ne s’arrête jamais.

Mais une fois l’ « esprit » de Super Mario Manga Adventures accepté et compris, son humour bon-enfant, absurde et de dérision exacerbée amusera plus d’un enfant, mais aussi plus d’un adulte, et encore plus si cet univers de Nintendo lui est familier. L’adaptation est donc proche des jeux vidéo tout en traçant sa propre voie, un chemin qui lui réussit depuis toutes ces années et qui a même réussi à s’imposer dans un marché français française pourtant bien encombré.

SimplySmackkk
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le 16 août 2022

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