J’apprécie généralement les récits post-apocalyptiques, mais après en avoir lu plusieurs, il devient difficile d’éviter l’impression de déjà-vu. Sweet Tooth tombe un peu dans ce travers : le cadre post-apo reste assez classique, avec ses codes et même quelques clichés du genre. Pourtant, Jeff Lemire parvient à apporter “le petit truc en plus” grâce à son idée d’une nouvelle espèce d’êtres hybrides mi-hommes mi-animaux.
Le personnage de Gus est particulièrement réussi. On s’attache immédiatement à ce gamin innocent, projeté dans un monde dur et sans pitié. Sa naïveté et sa douceur contrastent fortement avec l’environnement brutal qui l’entoure, et donnent vraiment envie d’en savoir davantage sur lui, sur les autres hybrides et sur l’origine de ce phénomène.
Visuellement, le style de Jeff Lemire peut paraître étrange ; je ne suis pas forcément fan de son trait en temps normal. Mais il faut reconnaître qu’ici, son dessin fonctionne extrêmement bien. Il dégage une vraie mélancolie qui colle parfaitement au ton du récit. Certaines pages sont même particulièrement fortes et racontent l’histoire avec une efficacité remarquable.
En bref, Sweet Tooth n’invente pas la roue en matière de post-apocalyptique, mais c’est un récit bien mené, porté par une idée originale et un héros attachant. Malgré une impression de déjà-vu, l’univers et les hybrides m’ont suffisamment intrigué pour me donner envie de lire la suite.