Ben oui, qu'est ce qu'on va faire, après ce dernier tome ? Je m'annonce comateuse et un peu sonnée, bientôt en manque. Peu de livre après que je les ai fini m'ont fait dire "ben merde alors", eh ben voilà, celui là en fait partie J'avais déjà rédigé une critique concernant le premier opus de cette saga et il est assez difficile de finir cette saga sans en remettre une couche. Alors si je résume : que vous n'ayez pas encore lu les autres tomes ou que vous ayez fait une pause en cours de route, mon idée est la même, il FAUT lire cette saga. Qu'on aime le genre des comics américains, qu'on n'y connaisse rien dans le domaine, c'est une excellente entrée en matière. Pourquoi ?


D'abord parce que Jeff Lemire, c'est un auteur-dessinateur qui pourra vous prouver que les éditions Urban Comics, ce n'est pas que Batman et les super-héros ténébreux que l'on connait. Il y a aussi possibilité de se démarquer de ça, de trouver de la SF (Descender), de la fantasy (Fables) et d'autres genres encore que j'ai un peu moins à l'oeil et à l'esprit au moment où je vous écrit. On trouve des saga qui ont des allures de bandes dessinées franco-belges, dans les phylactères notamment (oui, parce que chez Lemire, y a du dialogue de qualité, et le rendu de la traduction est plutôt bon). Essayez de vous y mettre, c'est le moment !


Ensuite, parce que Sweet Tooth c'est jusqu'au bout une saga qui arrive à tout gérer de façon originale tout en s'inscrivant dans une tradition. Du comics, vous retrouverez un style de mise en page alliant fonds blancs et fonds noirs, le goût des couvertures et des titres qui apparaissent dans le dessin (à savoir qu'aux states, on attend son épisode de comics comme on attend sa nouvelle saison de série TV, donc si vous avez une intolérance au cliff hanger, bénissez votre localisation outre-atlantique: c'est une édition intégrale !) le tout permettant un suspense de dingue et une avancée dans l'histoire qui ne manque pas de classe. Par contre, là où Lemire se démarque à mon sens, c'est dans ses choix d'organisation de certaines pages. Elles sont très nombreuses à ne pas forcément être lues de façon linéaire, de gauche à droite et de haut en bas...parfois vous trouverez une case circulaire dans une pleine page, parfois, les personnages de cases différentes dialoguent entre eux...des choses très variées sont proposées. En prime, depuis le deuxième tome déjà, l'auteur varie les façon de raconter l'histoire: témoignage, récit épistolaire, allure de conte aussi avec des textes au ton rajeuni (comme si l'enfant Gus vous racontait l'histoire) qui vous pousseront à tenir votre livre différemment. Bref, une expérience de lecture que je trouve vraiment unique sans pour autant qu'elle cherche à nous en mettre plein la vue.


Et c'est peut-être là la force principale de l'auteur et de la saga: ça sent l'humilité. C'est pas le graphisme qui en fait des caisses pour vous impressionner, c'est un dessinateur qui propose un travail sobre et qui en jette, qui nous parle. De la même manière, je reviens à ce que j'ai pu dire dans mon conseil du tome 1, dans Sweet Tooth il y a des références à pas mal de choses connues de prime abord. C'est un survival façon Kirkman, le thème de l'épidémie apocalyptique on en trouve partout et dans tous nos rayons...et pourtant. Pourtant, (et d'autant plus avec ces ultimes chapitres) l'histoire prend des directions intéressantes, surprenantes pour aborder des thèmes et des angoisses métaphysiques intemporels. Plus sombre, donnant beaucoup de profondeur à l'intrigue aussi parce qu'il y a pas mal de zoom sur le parcours de chacun des personnages, c'est une aventure qui dérange et qui nous prend aux tripes. La fin quant à elle est très bien négociée.


En bref, j'ai pris le livre sous conseil de mon libraire (merci, bisous, merci) en pensant passer un bon moment...et j'ai vécu ce moment génial que vous connaissez certainement aussi: quand une fin vous laisse complètement paf et que vous réalisez après un temps de pause qu'il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle, c'est que vous ne découvrirez plus jamais cette belle histoire pour la première fois. La bonne nouvelle, c'est que vous vous rendez compte que sans vous y attendre, vous venez de finir un chef d'oeuvre. Lemire c'est ça : un travail propre, qui vous parait efficace et modeste pendant un milliers de pages...et quand vous arrivez à 1001 vous réalisez que c'était du génie.

Mawelle
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le 8 févr. 2017

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