Ce tome contient les 4 épisodes de la minisérie du même nom, initialement parus en 2014/2015, écrits et dessinés par Jim Starlin, avec un encrage d'Andy Smith, et une mise en couleurs de Frank d'Armata. Il contient également l'épisode 12 de la série Adam Warlock initialement paru en mars 1976, écrit et dessiné par Jim Starlin, avec des finitions, un encrage et des couleurs de Steve Leialoha.


Thanos vs. Hulk – Tony Stark (dans son armure d'Iron Man) fait irruption dans le poste de commandement du SHIELD, pour exiger de Maria Hill qu'elle lui dise où est passé Bruce Banner. Elle lui répond qu'il est parti en vacances, sur la moto de Captain America. Elle le rassure en lui expliquant qu'il y a un traceur et sur la moto, et un autre sur Banner. Alors qu'ils l'observent sur la route, ils voient apparaître un drôle de troll qui fait disparaître Banner.


Bruce Banner se réveille prisonnier dans un vaisseau spatial, sous bonne garde de Blastaar, travaillant pour le compte d'Annihilus. Ayant retrouvé Heather Delight, Pip le troll décide de mettre en œuvre un plan de génie (tout est relatif) pour faire libérer Hulk, grâce à l'intervention ténébreuse et méprisante de Thanos.


Dans la page d'introduction, le responsable éditorial explique que cette histoire se déroule avant The Infinity revelation. Pour être complet, il faut indiquer que cette histoire a une incidence directe sur les événements de The Infinity relativity (2015). En termes de continuité, Jim Starin a bien fait ses devoirs, comme à son habitude. Il référence en douceur la continuité de Hulk du moment, c’est-à-dire le fait qu'il travaille pour le SHIELD, voir Indestructible Hulk: Agent of S.H.I.E.L.D. scénarisé par Mark Waid. Il évoque également les escapades les plus récentes de Pip le troll avec X-Factor, voir Short stories scénarisé par Peter David. Plus surprenant, il y a de nombreuses références à un passé plus lointain, à une époque où Adam Warlock avait confié les gemmes de l'Infini à 5 porteurs différents (plus la sienne), voir The Infinity watch. Il intègre également une référence à la série initiale Warlock des années 1970, l'épisode en question se trouvant reproduit en fin du présent volume.


Nonobstant ces références, l'intrigue principale reste très accessible. Thanos accepte de jeter un coup d'œil sur la situation de Hulk. Pip est aux anges que son subterfuge ait réussi, mais, bien sûr, Thanos a plusieurs coups d'avance sur tout le monde. Le lecteur est donc pleinement rassuré : Starlin n'a pas dénaturé sa création. Le lecteur se prend au jeu d'essayer d'anticiper les mouvements de Thanos, sans forcément beaucoup de succès. En particulier, il a la surprise de voir que le rôle de Thanos prend fin en milieu de récit, et que la suite se concentre sur le sort de Hulk. L'auteur tient bien la promesse d'un combat entre Thanos et Hulk, mais ce récit sert un autre objectif, celui de servir de prologue à Infinity relativity.


Cela ne veut pas dire qu'il s'agit pour l'auteur de faire du remplissage pour toucher le chèque. Le lecteur observe avec contentement que Starlin s'est investi dans sa narration visuelle et a passé du temps sur ses planches. Il est possible d'observer des détails comme l'enseigne d'un bar (appelé Starlin, on n'est jamais mieux servi que par soi-même), ou encore les personnes le fréquentant qui passe en arrière-plan (Drax, Karnak, Gorgon, Ronan, Quasar). Tout au long des 4 épisodes, les arrière-plans sont présents dans les cases, qu'il s'agisse d'immeuble méticuleusement tracés, ou d'effets infographiques (confiés à un metteur en couleurs de renom : Frank d'Armata).


Jim Starlin n'a rien changé dans sa manière de dessiner, plutôt réaliste, avec des traits fins pour un bon niveau de détails. Il sait créer un décor futuriste pour la cité dans la zone négative, ou encore pour les vaisseaux spatiaux, et la technologie d'anticipation. Le lecteur prend donc plaisir à s'immerger dans ces environnements substantiels, à regarder les extraterrestres et les robots, l'architecture de la capitale d'Annhilus (même si elle évoque fortement d'autres cités extraterrestres ou extradimensionnelles de projets précédents de Starlin, Breed par exemple, voir Book of Genesis). Il se retrouve aussi au cœur des combats.


Effectivement, le lecteur prend petit à petit conscience que Jim Starlin raconte une histoire d'affrontements physiques. Il y a donc une première baston entre Hulk et Thanos, puis une deuxième entre Hulk et Annihilus (qui occupe la majeure partie des épisode 3 & 4). Thanos est massif à souhait, toujours avec une tête plus petite qu'un de ses poings. Il est impérial, condescendant, et très sûr de lui, une grande réussite. Face à lui, il y a un Hulk à peu près de la même stature que Thanos, plus figuratif que conceptuel. Starlin préfère conserver une forme de réalisme relatif, celui des superhéros. Du coup, il est un peu difficile de prendre ce Hulk au premier degré, pas assez exagéré pour que le lecteur puisse croire qu'il ait une chance contre Thanos, avec des mimiques de visage ridicules. Il n'est qu'un individu avec des muscles hypertrophiés et surnuméraires, une peau verte totalement ridicule, une coupe de cheveux idiote et un visage grimaçant. Certes Hulk est costaud, mais il n'a pas cette dimension de force de la nature.


Jim Starlin s'amuse comme un petit fou à mettre en scène des échanges de coups titanesques assénés avec force. Le lecteur pense à d'autres récits de Starlin basés sur des affrontements physiques, comme le combat entre Hulk et Ben Grimm dans un graphic novel, dessiné par Bernie Wrightson (numéro 29 The big change), dans un bel hommage aux combats titanesques dessinés par Jack Kirby, avec énormes coups de poings, décharges d'énergie fulgurantes et crépitantes, et personnages volant au travers de la case, sans oublier la destruction massive des décors. Frank d'Armata effectue un travail de qualité pour remplir les arrière-plans lors du combat se déroulant dans une dimension psychique, concept cher à Starlin. L'encrage d'Andy Smith est minutieux et ne perd rien de la finesse des traits de l'artiste.


Le lecteur familier des œuvres de Jim Starlin repère quelques particularités graphiques. Par exemple il y a cette séquence de 4 cases, se situant en haut de 4 pages consécutives (1 case en haut de chaque page), constituant un travelling arrière sur Bruce Branner. L'artiste a réussi à insérer l'arche spatiale caractéristique de Thanos dans une case. Le nez de Hulk est particulièrement court, habitude de dessin de Starlin. Dans l'épisode 2, il dessine une technologie d'anticipation informatique sous la forme de panneaux verticaux composés de petits rectangles lumineux. Dans l'épisode 3, le lecteur a droit à une ligne de 4 cases, montrant l'œil de Hulk en train de s'ouvrir.


Par contre, l'artiste n'a pas repris son habitude de dessiner les personnages dans des pauses évoquant un ballet. Toutefois, le lecteur est quand même un peu décontenancé de voir les postures très artificielles dans la scène d'ouverture, Maria Hill et Iron Man semblant être des poupées articulées aux articulations coincées.


Au final, même si Jim Starlin insère une citation d'Arthur Schopenhauer, ce récit semble s'adresser à un lectorat appréciant beaucoup la continuité et les grosses scènes de baston, avec un peu de l'intelligence stratégique habituelle de Thanos. 3 ou 4 étoiles en fonction de l'attachement du lecteur au personnage et à l'auteur.


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- Warlock 12 (également réédité dans Complete Warlock) – Warlock a du mal à se remettre de son combat contre sa personnalité future Magus, et s'en va broyer du noir dans le vide sidéral, en contemplant les étoiles. Pendant ce temps-là, Pip le troll se barre en catimini d'un bar où il n'a pas réglé son ardoise et profite d'un quiproquo pour se faire passer pour un valeureux guerrier et délivrer une femme enchaînée.


Étant arrivé au terme de sa première grande histoire avec Adam Warlock, Jim Starlin s'offre une pause avec un épisode sur le mode de la farce, où Pip tient la vedette. La narration est un peu envahie par les phylactères et les bulles de pensée. La farce manque de finesse parce que Pip joue le rôle du bouffon, pas très futé, pas très courageux et amoral. Le tout se redécouvre avec plaisir pour un lecteur appréciant Warlock et Starlin, et tolérant vis-à-vis de cette forme de narration. Pour les autres, il s'agit d'un épisode bouche-trou pour augmenter la pagination, la présence d'Heater Delight ne suffisant pas à légitimer sa réimpression.

Presence
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le 24 août 2019

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