Bullseye!

Christopher Chance est la cible humaine. Son travail consiste a endosser le rôle de doublure pour ces clients dans le but de démasquer qui en veut à ces derniers.

Le récit démarre littéralement par la dernière mission de Chance pour le compte de Lex Luthor.

En effet, en endossant l'apparence de son client, il est victime d'un empoisonnement malheureusement incurable. On lui annonce qu'il lui reste seulement 12 jours à vivre.

"Human Target" est donc le récit des douze derniers jours de la vie de Christopher Chance.

Ce dernier va enquêter pour découvrir qui a tenté d'empoisonner Lex Luthor et donc celui ou celle qui l'a condamné à mort à retardement.

Si elle est le point de départ du récit, l'enquête sur le meurtrier de Christopher Chance n'est pas paradoxalement le moteur du récit. Bien sûr celle-ci est toujours présente en filligramme tout au long du scénario mais le récit se veut avant tout intimiste et introspectif : à l'aune de sa vie Christopher Chance se remémore son passé, son enfance, découvre aussi l'amour dans les derniers instants...etc

Le récit avance au gré des nombreux dialogues et non par des phases d'action : on est ici plus proche d'une ambiance du livre "le dernier jour d'un condamné" ou du film "La taupe" (dans le registre de l'espionnage) que d'un "Jason Bourne" au scènes d'actions survitaminées.

L'action est en fait ici contenue dans les dialogues, tantôt introspectifs, tantôt avec les autres protagonistes de cette histoire faisant pour la plupart partie de la ligue de justice internationale.

Les planches de Greg Smallwood sont simplement superbes/exquises et valent à elles seules l'achat de ce comics.

Un shot de sérotonine visuelle sur 400 et quelques pages : du . grand . Art.

L'ambiance graphique à base de couleurs pastelles sied parfaitement à cette ambiance de film d'espionnage des années 60 créée par Tom King.

L'ambiance y est feutrée et enivrante comme les derniers rayons de soleil d'un soir d'été.

J'aime également beaucoup ce concept de s'approprier un personnage marginal de l'univers DC comme ici avec Christopher Chance.

J'estime qu'il est bien plus intéressant d'écrire sur un second couteau, car le scénariste a plus de libertés pour écrire ce qu'il veut, que pour un personnage iconique (ex ; Batman) où le scénariste se retrouve trop souvent "corseté".

Human Target est une vrai réussite à tous les niveaux :

- Graphiquement, c'est exceptionnel comme souvent avec le trop rare Greg Smallwood.

- Et je trouve la partition de Tom King au scénario profonde, sensible, et touchante ; celle d'un homme aux multiples visages, qui a passé sa vie à jouer celle des autres plutôt que vivre la sienne, et qui au crépuscule de cette dernière découvre l'amour.

Ironique pour quelqu'un qui s'appelle chance non? ;)