The Innocent par Iblis

Lorsque le producteur de Spider-Man, Avi Arad, croise le chemin de Junichi Fujisaku (Ghost in the Shell : Stand Alone Complex) et du dessinateur Ko Yasung (Stigmata), cela donne The Innocent, un one-shot bourré de qualités. Sorti dans le monde entier le 9 juin, vaut-il vraiment le détour ? Qui dit producteur de Spider-Man dit oeuvre similaire au comics en question ? Pas du tout, alors lisez ce qui va suivre pour savoir à quoi vous attendre.


Le scénario de ce one-shot nous plonge aux côtés de Ash J. Wright, un inspecteur plutôt talentueux, au moment où se termine sa vie – en l'occurrence sur la chaise électrique – ce qui annonce d'ores et déjà la couleur. Son âme arrive dans un endroit qui ne semble être ni le Paradis, ni l'Enfer, ni autre chose que nous puissions connaître, mais il est accueilli par ce qui semble être un ange androgyne du nom d'Angel (très original !) qui lui annonce qu'il a été exécuté pour un crime qu'il n'a pas commis. Le « comité des anges » a donc décidé de lui donner une chance de se venger en lui conférant le pouvoir de se transformer en cendres (= Ash, en anglais...) et de créer ce qu'il veut à partir de cette matière, sans toutefois pouvoir interagir directement avec le monde des vivants, ces derniers ne pouvant pas le voir ni le toucher, mais les cendres qu'il crée pouvant l'être. Ash va donc retrouver ceux qui l'ont mis à mort, mais il devra toutefois acquérir plus de pouvoirs en sauvant d'autres innocents prêts à subir la peine capitale à la place de vrais criminels, le tout sous la surveillance d'Angel. Évidemment, il rencontrera quelques personnes qui lui barreront la route, mais nous vous laissons le soin de découvrir la suite de l'histoire par vous-même.


En arrivant au terme de l'histoire, la première chose que l'on se dit est, que l'on ait apprécié The Innocent ou non, qu'il est dommage que certains points ne soient pas éclaircis, comme le passé d'Angel qui reste toujours un peu flou, ou encore ce qu'est réellement le comité des anges, par exemple. Ce genre de problèmes est d'ailleurs récurant dans les mangas en un tome, et dans le cas de celui-ci, un ou deux autres volumes auraient été les bienvenus pour que le scénario se développe un peu plus. Toujours est-il que ce one-shot possède un nombre de pages bien plus conséquent qu'un manga « lambda », ce qui rattrape un chouïa la chose. C'est également un avantage du fait que si vous n'avez pas énormément de sous à investir dans un manga, celui-ci ne vous coûtera pas plus cher qu'un autre et vous n'aurez pas à attendre la suite !


Outre le scénario, le dessin est de très bonne facture et la patte artistique se situe à mi-chemin entre le réaliste et le style manga, entre Death Note et Naruto par exemple, ce qui rend plutôt bien. Les mouvements et les expressions des personnages sont fluides, et les effets de fumée/cendres du protagoniste sont du plus bel effet – encore heureux étant donné que c'est tout de même l'élément central de l'histoire. Le style des personnages nous fait souvent savoir s'il s'agit d'un allié d'Ash ou d'un de ses ennemis, mais pas toujours. C'est le cas de Whirl, dont l'apparence sérieuse et classe ne correspond pas du tout à son caractère, ou d'Angel. Son physique nous rappelle d'ailleurs qu'il est bel et bien un androgyne, et il nous est difficile de savoir s'il s'agit d'un homme ou d'une femme : il possède un corps de garçon adolescent, mais un visage et une chevelure très féminins. D'ailleurs, on doute toujours de son sexe au long de l'histoire puisque selon les plans, on peut penser qu'il est d'un sexe ou d'un autre et il en va de même pour ses paroles à ce sujet qui laissent une certaine ambiguïté.


L'ambiance générale du manga est plutôt sérieuse et ne fait pas vraiment de place à l'humour, même si le caractère je-m'en-foutiste et les répliques déplacées de Ash fait parfois sourire dans les moments où ils n'auraient pas lieu d'être, d'autant plus qu'elles sont toutes addressées à Angel, le/la seul(e) à pouvoir l'entendre, qui démarre au quart de tour à chaque fois que le héros s'en prend à lui/elle. On ne s'attache pas vraiment à Ash, bien qu'il dégage une classe naturelle, mais plutôt à ceux qu'il protège tout au long de l'aventure. Sur ce point, les ennemis du protagoniste ont été crées de manière à ce que l'on ne les aime pas non plus, et on attend qu'une seule chose : qu'il se charge d'eux ! Angel, s'il ne vous perturbe pas trop, peut quant à lui vous toucher plus ou moins du fait de sa condition et de son passé, bien que ce passage ne soit, comme dit plus haut, pas assez développé.




Pour résumer, The Innocent est donc dans l'ensemble un investissement plutôt bon, tant par le fait qu'il ne soit qu'en un seul volume que par le fait qu'il soit d'une qualité d'ensemble très satisfaisante. Le problème de ce format one-shot pose cependant problème puisqu'il empêche de développer certains points de l'histoire qui auraient pu plaire au lecteur, et il laissera à certains d'entre vous un sentiment d'oeuvre non-finie sur certains aspects du scénario. Le dessin et l'ambiance générale sont quant à eux irréprochables, malgré l'absence d'humour (qui n'est pas forcément ce que l'on attend dans un tel seinen).