Le Japon, c’est compliqué – Et autres réflexions sur la liberté d’expression

La Marlène, elle va nous en faire toute une affaire de ce titre. J’aurais pu, moi aussi, le trouver choquant en d’autres temps. Pour ceux qui s’interrogeraient sur le pourquoi d’une éventuelle indignation, je les encourage à seulement lire le synopsis de l’œuvre. Oui… y’a comme un petit côté potache. Et pourtant, malgré le caractère supposément immonde de ce que recouvre l’œuvre dans ce qu’elle dépeint et même, dans ce qu’elle justifie à demi-mot – car il faut le lire pour le croire – je me suis piqué d’une certaine affection pour The Rapeman. J’aurais pu l’agonir d’injures pour tout ce qu’il a de mauvais goût à faire paraître mais… confronté que je suis depuis trop longtemps aux abus de la censure afin de mieux ménager les infinies sensibilités et susceptibilités de mammifères foncièrement dispensables, je me dis qu’il ne vaut rien de mieux qu’une outrance pour justement répondre à l’outrance.


The Rapeman, c’est devenu le crucifix que je brandis devant les goules aux idées propres venues m’apporter leur prêt-à-penser. Vous autres, commissaires aux pensées vertueuses, vous aimez, à tout bout de champ, chialer pour le plaisir de vous prétendre victimes de la plus insoutenable l’infamie ? The Rapeman justifiera alors vos larmes et je me plairai à vous l’exhiber sous les yeux à ce titre. Ce personnage improbable dans tout ce qu’il a de plus inqualifiable aurait dû être pour moi un paria de la pire espèce, et pourtant, je lui trouve aujourd’hui des vertus héroïques lorsque je constate le contexte sociétal dans lequel je macère. Qu’on se le dise, The Rapeman n’est pas le héros dont on a besoin, mais bien celui qu’on mérite.


Qu’on se rassure, par ces taquineries déplacées et irrévérencieuses en diable, je ne fais certainement pas l’apologie du viol ; je me réjouis néanmoins de voir jusqu’à quelles latitudes a pu être poussée la liberté d’expression. Ça devrait me faire vomir, et cela aurait été le cas si j’avais vécu dans un monde sain, mais aujourd’hui, ce genre de vestige d’une liberté qui nous échappe cruellement me fait l’effet d’une bouffée d’air frais. Voilà qui, je le pense, en dit long sur l’époque et l’exaspération qu’elle suggère.


Curieusement, on ne trouve pas de photo de l’auteur sur Internet et ce, en dépit du succès retentissant de son œuvre. Sans doute est-ce par humilité qu’il ne s’est jamais affiché publiquement. Sans doute.


Car, elle a été fameuse son œuvre, adaptée en deux épisodes d’OAV et pas moins de neuf films. Non pas des pornos comme pourrait s’y attendre la plèbe ; mais des films adaptés au cinéma en leur temps et présentés comme des comédies. Comédies dont les réalisateurs ont cependant reconnu qu’elles étaient empreintes d’un certain humour noir. On appréciera la réserve.


À cette nouvelle – et à celle qui lui précèdent – j’en entends déjà qui, entre leurs dents, commencent timidement à célébrer les dates du 6 et 9 août 1945 comme des jours fastes. Parce que les connais bien ces gens-là, très ouverts d’esprit jusqu’à ce qu’on titille un peu leurs convictions ; à la manière de ces progressistes qui, après l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade aux États-Unis, ont commencé à affubler le juge suprême Clarence Thomas de quelques termes exotiques eu égard à son épiderme. La tolérance, oui, sauf quand ça nous dérange. Je l’attends la réaction de ces gens-là, même que je l’espère. Ce sont généralement les mêmes qui se tiennent vent debout face à la censure en peau de lapin dont aurait été victime Tetsuya Tsustui.


« On peut pas prendre le viol à la légère, et encore moins le glorifier à demi-mot ! » objecteront les plus purs d’entre nous. C’est vrai que c’est abject un viol. C’est sans doute l’un des seuls crimes, si ce n’est même le seul, qui ne peut bénéficier d’aucune circonstance atténuante. Mais l’humour noir – d’un noir ténébreux dans le cas qui nous concerne – n’a pas à s’embarrasser de la moindre réserve. Et c’est là où Rapeman, au-delà d’une œuvre choquante pour ce qu’elle a d’immature dans son maigre propos, devient malgré elle un emblème de la liberté d’expression ; le test ultime qui distingue les kapos de notre ère de ceux à même de mesurer les conséquences de la censure. Aussi, je mettrai les paragraphes suivant sous balise SPOILER pour ceux qui souhaiteraient s'égarer le temps d'un hors-sujet de bon aloi, rien que le temps de s’éprouver à une réflexion sur cette censure.

Avant d’être une critique, ce texte est finalement un procès tenu contre la censure, le tout garni d’un plaidoyer en faveur du rétablissement de la loi de la presse de 1881 dans ses attributions premières, c’est-à-dire sans les amendements et autres ordonnances inqualifiables venus la corrompre et la détourner de son propos. Cette même loi de presse venait alors compléter l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, cette déclaration que tout le monde invoque, mais que personne n’a apparemment jamais lue.

Peut-on interdire un propos du fait qu’il soit considéré comme de mauvais goût pour ne pas heurter les sensibilités ? À ceux qui, sans réfléchir – comme souvent avec eux – vous assèneront un « oui » catégorique, je leur demanderai de me définir le bon goût, de quantifier la sensibilité pour estimer le dommage qui lui incombe de manière concrète et mesurable, de me dire qui a défini ce qu’était le bon goût, et de quelle autorité ceux-ci peuvent prétendre imposer leur définition à chacun. Et à partir de là, voilà qu’en face, on se retrouve généralement à balbutier et à tergiverser. Le fait est qu’il y a une infinité de réponse à ces questions et que pas une n’est la bonne. Il existe un proverbe réputé et impitoyable supputant que l’Enfer est pavé de bonnes intentions. Je sais bien que c’est en espérant aboutir à un monde meilleur, où les gens seraient moins heurtés, que certains en viennent à justifier la censure de tel ou tel contenu. Seulement, quand on en vient à déterminer ce qu’est le bon goût, celui-ci fluctue au gré des ans et, bizarrement, la potentielle teneur des discours s’étiole.

« On ne peut plus rien dire » n’est pas un refrain d’enfant pourri-gâté ou de boomers rétrogrades mais le constat de ceux qui, alors qu’ils pouvaient jadis s’exprimer plus librement, sont de plus en plus ostracisés pour des propos tenus. Nous avons d'abord eu l’Inquisition, qui prétendait indexer le bon goût sur les Évangiles, au nom d’une entité qu’ils tenaient pour suprême et qu’ils appelaient Dieu. Nous avons eu ensuite les Républicains de toutes obédiences qui, quant à eux, puisaient le bon goût dans les Droits de l’Homme et du Citoyen, n’hésitant pas à soigner les hérétiques modernes à l’aide de la Guillotine… puis nous eûmes la divine loi de la presse de 1881 garantissant une véritable liberté d’expression en France. Celle-ci fut alors bafouée entre 1939 et 1944 où, durant ce temps, le philosémitisme ainsi que l’expression de menues réserves quant à la présence allemande en France pouvait valoir quelques soucis. On rétablit alors la loi de 1881 pour finalement la violer – le mot est de circonstance considérant la présente œuvre critiquée – notamment avec les lois Pleven en 1972 et Gayssot en 1990. Lois qui comme les vilaines tumeurs qu’elles sont, auront engendré une myriade de métastases avec d’innombrables autres textes venus sans cesse un peu plus grignoter la liberté d’expression en France. Toujours au nom de valeurs saines ; NOS valeurs. Les nôtres, oui… même si personne ne nous a jamais vraiment consultés avant de nous les imposer en travers de la gorge. Après tout, on ne va tout de même pas demander au peuple de s’exprimer sur des lois précisément envisagées pour limiter cette expression qui, chez lui… a parfois quelque de malséant.

Gageons que si un éditeur s’essayait à publier The Rapeman en France, une bonne dizaine d’associations fumeuses viendraient aussitôt se porter partie civil pour obtenir quelques dommages et intérêts auprès de la 17e chambre correctionnelle de Paris. Peut-être que cette affaire irait au pénal. Comprenez que #MeToo est passé par là pour faire office de jurisprudence informelle.

Or, il faut comprendre une chose quand il est question de l’établissement des latitudes de la liberté d’expression : c’est tout, ou c’est rien. Car quand on érige un principe au nom duquel un discours peut-être amputé, ce principe, en étant tordu ce qu’il faut, peut permettre d’interdire tout ce qui se peut potentiellement se dire. D’autant que la censure a un effet contre-productif. Les lois Pleven et Gayssot, dans la manière elles furent appliquées, avaient été envisagées afin de lutter contre le racisme et l’antisémitisme en France. Je demanderai alors à ceux qui sont assez âgés ou bien aux autres ayant un peu de recul historique de me répondre à cette question : diriez-vous que depuis 1972 et 1990, le racisme et l’antisémitisme sont en voie de disparition ? Devinez mon sourire sournois quand vous répondrez à cette question.

L’expression publique est comme une eau qu’on fait chauffer dans la casserole. Laissez-là à l’air libre et elle entrera en ébullition, car le débat public qui confronte les opinions sera toujours agité et échauffé. Mettez un couvercle sur cette casserole, et cette même expression, après avoir été dissimulée au point où certains s’imagineront l’avoir fait disparaître, commencera soudain à déborder de manière déraisonnable au point où cela deviendra vite très salissant.

Une censure de l’expression, indépendamment de l’autorité d’où elle pense tirer sa légitimité, est illégitime dans son fondement philosophique. Cette expression, on peut évidemment la circonscrire dans des sphères spécifiques comme cela se fait avec la pornographie afin que celle-ci ne soit pas exposée aux enfants, mais pas l’interdire. Pour en rester sur le registre du porno, je citerai le Dr. Cox de la série Scrubs qui, sur la censure, a su synthétiser une idée essentielle : « Si on supprimait tous le prono sur internet, s'il ne devait rester qu'un seul site internet ; il s'appellerait quonnousrendeleporno.com ! ». Juguler la liberté d’expression ne fera jamais disparaître les opinions qui nous dérangent, au contraire, ce phénomène les confortera jusqu’à les faire macérer dans l’outrance la plus absolue.

Moi-même et tant d’autres ici ne suis pas très à l’aise à l’idée que des pédomanes puissent exprimer leurs attraits – sur le plan de l’expression de l’opinion j’entends – pour les jeunes enfants. Seulement, contrairement à beaucoup, j’arrive à voir sur le temps long après avoir envisagé les conséquences de mes actes. Aussi, si je censure ces gens-là pour ce que leur discours a d’inqualifiable, je l’aurai fait au nom d’une idée du Bien. Une idée qui sera par la suite de plus en plus en extensive et travestie. De là, j’interdirai l’expression de ceux qui encensent une entité qualifiée de terroriste, puis de ceux qui, par leur discours, représentent potentiellement une menace pour la sécurité publique – avec tout ce que ça comporte de liberté dans l’interprétation – puis de tous ceux ayant un discours de plus en plus déviant de l’instance politique chargée d’appliquer le Bien. Tôt ou tard, de manière détournée, on en revient toujours à l’Inquisition.

La censure au nom d’idéaux propres, est la matrice même du totalitarisme. Un totalitarisme insidieux que beaucoup trouveront le moyen de justifier au nom du Bien ; car la pire censure, en définitive, n’est pas celle qui s’impose à nous, mais celle que l’on vient à justifier de nous-même. « On ne peut pas dire ça » n’est pas un réflexe vertueux mais un mantra à vocation totalitaire pour qui sait se projeter et mesurer ses implications.

The Rapeman, avec l’indolence et l’impudence de son propos, est remarquablement choquant et évidemment à même de heurter bien des sensibilités. Mais si on prend comme prétexte la sensibilité – notion à la fois fumeuse et subjective s’il en est – pour limiter l’expression, tout peut potentiellement être interdit de ce seul fait. Je suis une entité humaine, ma sensibilité me conduit à réprouver One Piece car son auteur présente la piraterie avec légèreté alors qu’elle aura semé la mort, la désolation et le viol partout où elle était. Ma sensibilité – dont vous ne pouvez mesurer l’authenticité – m’amène même à penser que de nombreux pirates somaliens ont envisagé leur carrière du fait qu’ils aient lu One Piece. Aussi, parce que ma sensibilité de créature humaine et subjective a été soi-disant ébranlée, et parce qu’on peut, par quelques corrélations douteuses, supputer qu’une œuvre ait pu entraîner des actions criminelles, One Piece se doit d’être censuré. Qui est avec moi ? Dites-vous bien que, par ce raisonnement spécieux, je n’ai fait que démontrer l’absurdité de la censure au nom de valeurs prétendument partagées.

Ces considérations éjectées sur le papier, on pourra enfin s’appesantir sur le fond de l’œuvre. Enfin… sur son contenu.


The Rapeman est, pourrait-on dire, l’équivalent d’un City Hunter où Kaoru n’aurait pas mis la bride à Ryô chaque fois qu’il s’en allait se montrer trop démonstratif avec ces dames. Nous formulerons les choses ainsi afin de mieux dissimuler la gêne que constitue une pareille lecture. Parce qu’on préfère en rire, quitte à en rire nerveusement, que de lire ça d’un œil froid. J’ai beau être irrévérencieux, quand on a le nez dedans, c’est tout de même autre chose que quand on se permet de faire de l’humour noir à son sujet. Les Japonais, ils savent y faire pour vous mettre mal à l’aise ; c’est comme si leur culture toute entière était tournée vers ce seul objectif.


La première chose qui m’aura marqué tient au dessin. Pas ce qu’ils représentent, mais le style qui apparaît plutôt daté pour l’époque. On dirait ce qui se faisait durant l’âge d’or du gekiga, et ça n’est ma foi pas si mal, même il n’y a aucun style personnel. Ceci étant dit, je doute que se défausser en arguant « Promis, j’ai lu The Rapeman pour les dessins » puisse être accepté dans les milieux mondains.


The Rapeman, à l’occasion de son premier forfait, violera une lycéenne suite à une commande de la belle-mère qui souhaitait la ternir pour la briser. Aussi, je ne saurais dire si le fait que The Rapeman accomplisse sa Justice moyennant monnaie sonnante et trébuchante fait de lui quelqu’un de plus vertueux ou de plus immoral. Du reste, la lycéenne, violée de la veille, retourne à l’école le lendemain. Comme toutes ses autres victimes du Rapeman qui, pour beaucoup, trouveront même le moyen d’avoir le sourire aux lèvres quelques heures après, comme si de rien ne s’était passé. On devine aisément que The Rapeman n’a pas seulement été écrit par pur plaisir de s’adonner à un humour bien noir, mais aussi par manque flagrant d’empathie. Je doute que l’auteur se soit un jour intéressé au sort d’une victime de viol et des conséquences sur sa psyché. Tout cela, si vous me passez l’expression, est traité par-dessus la jambe, ne soulignant ainsi que mieux le caractère foncièrement immature de l’œuvre.


J’aime beaucoup comment le protagoniste, très tôt dans le récit, se pare de vertu et refuse de tuer car « Tuer et violer sont deux choses tout à fait différentes ». La manière dont il cherche à se donner des airs de violeur respectable, professionnel dans ses attributions, est effectivement risible, je reconnais au moins ça.


Les scènes de viol sont montrées au lecteur sans toutefois être trop explicites. Les organes génitaux n’apparaissent jamais sur le dessin, ce qui ne sera qu’une maigre consolation. Je dois avouer ne pas avoir été plus choqué que ça en les lisant et être resté parfaitement indifférent. Il est possible que des œuvres comme Shamo, Ichi the Killer ou Berserk entre bien d’autre aient contribué à émousser ma sensibilité en la matière. Au moins, on se dira que les scènes présentées ici ont le mérite de ne pas se montrer outrecuidantes ou excessivement vicieuses. On ne ressent pas une fascination glauque de l’auteur dans la manière dont l’acte est rapporté.


Comme pour City Hunter, on part d’une situation conflictuelle où le protagoniste du récit viendra faire irruption pour régler l’affaire. La seule différence tient sans doute à la nature du calibre utilisé dans les deux œuvres.

Si parfois, Keisuke use du viol comme d’une justice punitive à la demande d’un client qui le rétribue pour agir en ce sens, les commandes de viol ont parfois des objectifs moins louables comme « aider » une actrice à mieux jouer une scène de viol. Ou un autre pour « soigner » les penchants lesbiens d’une femme au foyer. The Rapeman ne viole pas seulement les personnages féminins, mais aussi la morale elle-même ; ce qui le rend paradoxalement plus amusant que jamais tant c’en devient outrancier à l’extrême.


Tous les héros ne portent pas de cape, mais lui ne porte même pas un préservatif. De même que Batman a sa panoplie de gadgets, The Rapeman a tout son petit nécessaire du violeur en règle. Cagoule, sparadrap, sédatif, menottes, van suspect ; rien n’est trop beau pour mener à bien sa mission. On a rarement fait aussi professionnel depuis Golgo 13.

On retrouve un semblant de variété au niveau des histoires en cheminant d’un chapitre à l’autre, mais globalement, c’est un de ces mangas épisodiques où un chapitre chasse aussitôt le précédent de notre mémoire. Sans surprise, le scénario est absent et ne se répand qu’en une myriade de petites intrigues. Finalement, ce que je reprocherai le plus à The Rapeman, c’est son manque de scénario ancré sur le long ou même le moyen terme. Le pire étant que l’œuvre n’est pas foncièrement mauvaise pour ce qu’elle a à faire valoir du point de vue du dessin ou de la narration.


La vie de Keisuke semble tourner uniquement autour de son identité de The Rapeman, nous montrant que très rarement si ce n’est presque jamais son quotidien de professeur. Ses activités, du reste, n’ont l’air d’avoir aucune incidence sur sa vie privée ou professionnelle alors que la plupart de ses forfaits ont pourtant lieu en plein jour. Il se paye même le luxe de voler – et de violer – aux États-Unis dans le cadre d’une de ses missions. Où trouve-t-il le temps ? Qui plus est, à force de violer le tout Tokyo, on pourrait aussi voir un peu plus souvent la police le rechercher activement. Mais comme aucune de ces dames ne porte plainte, ressortant souvent de l’expérience sans une once de traumatisme, The Rapeman reste impuni. Il peut remercier l’intrigue pour ça.


Le manque de personnages secondaires récurrents contribue à nous ennuyer bien assez tôt. Car passé le propos liminaire de l’œuvre, une fois que l’accoutumance se sera faite une place sur le fil de la lecture, il n’y a finalement que peu de prises auxquelles s’accrocher pour poursuivre. Le manga aurait gagné à s’en tenir à un seul volume, mais il aura fallu pousser le vice – c’est le cas de le dire – sur treize tomes, un peu à la manière de Kekko Kamen. Les blagues les plus courtes, même quand elles concernent de l’humour noir, sont les meilleures. The Rapeman, malgré la variété de ses nombreuses trames – car l’animal se renouvelle en chaque occasion – excède sa bienvenue. Son succès, The Rapeman le doit à ce qu’il avait de choquant, pas à ses vertus scripturales et artistiques.


En dépit de tout ce que l’œuvre suppose d’infect et d’outrageant, on finira la lecture du manga en se disant d’un air blasé qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. Toute censure ayant pu concerner l’œuvre n’aurait de toute manière contribué qu’à lui donner davantage d’exposition et de lecteurs. On est loin de la censure promotionnelle de monsieur Tsutsui. Laisser paraître

The Rapeman était finalement une brillante décision stratégique sans le savoir, car aujourd’hui, plus personne ou presque ne se souvient de l’œuvre du fait qu’elle n’a suscité que bien peu de remous. De même, le Japon n’a pas dénombré une hausse spectaculaire des viols le temps de la parution et de sa prolongation par les films qui s’ensuivirent. Comme quoi, la censure n’est jamais la bonne solution ; le mauvais goût meurt de lui-même si on cesse de lui prêter la moindre attention.

Josselin-B
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le 15 mars 2024

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Josselin Bigaut

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