Gaminerie joyeuse et outrancière, pantalonnade « énorme » comme l’étaient les espiègleries de bibi fricotin, composé pour la famille, et qui s’adressait avant tout à un lectorat convaincu et complice : tintin au pays des soviets ne fut pas plus que cela. Nous baignons ici dans la pure fantaisie. Tout est encore schématique, comme un dessin de presse, les décors, les véhicules, les accessoires. Sommaire, d’assez médiocre facture et dessiné en amateur,
si cet album peut être tenu aujourd’hui pour une charge politique, il était surtout destiné à des enfants pour lesquels en 1929, les bolcheviks étaient des bêtes féroces. Il ne s’agissait nullement de convaincre, ni de démontrer, mais d’appuyer. Charge conçue comme le sont les dessins de presse, à peine mieux soignée qu’une aventure griffonnée sur un cahier d’écolier, sans même le secours d’une règle pour tracer les cases, tout y est expédié sans souci de réalisme ou d’esthetisme.Il importe avant tout pour Hergé d’amuser ses lecteurs par les acrobaties de tintin ou ses pitreries enormes.Comme les accessoires, les personnages n’y sont que des schémas ou des caricatures. Les soviets sont des bandits qu’Hergé nous montre sans excès de subtilité psychologique mais en faisant preuve toutefois d’un certain sens de l’observation ethnographique et les types physiques qu’il met en scène sont souvent très bien rendus : ses bolcheviks ressemblent diantrement à ceux que l’on voyait dans les journaux. Au demeurant, case par case, Hergé se montre plus exigeant dans son trait, qui prend de l’assurance, trahit dans l’epilogue un souci de construction qui le distingue des maladresses attendrissantes des premières pages, dessinées en amateur et « à la diable ». En dépit de sa naïveté et de ses outrances, nous pouvons le lire – en mémoire de tous les millions de morts d’Ukraine et de Russie- sans gêne, sans scrupules et , surtout ,sans remords. Eut-il exagéré – mais, aussi simpliste que fut sa démonstration, il ne courait pas grand risque à exagérer vraiment- Hergé était sincère et convaincu. Témoignage d’un milieu culturel comme des évidences de son époque de jeunesse, l’aventure reste originale dans l’œuvre du dessinateur et ne connaitra pas de lendemain.

STEINER
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le 12 oct. 2018

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