Critique de Ulis par matatoune
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il y a 7 jours
Pas facile de rebondir après un burn-out. Même s’il est ingénieur de formation, Ivan a été tellement traumatisé par son job précédent dans une entreprise technologique qu’il est devenu incapable de toucher le moindre ordinateur ou smartphone. Du coup, pour tenter de se relancer après un an passé à la maison et une rupture douloureuse avec sa compagne de longue date, il finit par accepter un rôle d’accompagnant d’élève en situation de handicap dans une classe ULIS. Autrement dit, une Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire, un dispositif qui permet à des élèves en situation de handicap de bénéficier de temps d’enseignement adaptés au sein d’établissements scolaires ordinaires. En réalité, Ivan ne sait pas trop dans quoi il s’engage. Alors qu’il est encore très fragile après un burn-out qui l’a lessivé physiquement et moralement, cette plongée dans une classe pas comme les autres va s’avérer être une expérience particulièrement éprouvante. Chargé d’accompagner Matisse, un élève de 12 ans souffrant de troubles autistiques, Ivan ne sait pas vraiment comment se comporter face aux crises du jeune garçon, qui réagit très fort à certains bruits inattendus. De manière générale, Ivan n’arrive pas vraiment à trouver sa place et semble toujours à deux doigts de tout laisser tomber. Heureusement, il peut compter sur des collègues particulièrement dévoués pour le guider, notamment Pauline et Maryama, qui se donnent à 200% pour aider les enfants de la classe. Ivan ne tarde pas à se rendre compte que cette petite équipe réalise un travail extraordinaire au quotidien pour aider Matisse, Valentine, Alice, Goran, Bilal, Léa et les autres élèves de l’ULIS à progresser et à s’intégrer dans la société. Leur travail est intense, avec de nombreux moments de doute, de fatigue et de découragement, mais il apporte tellement de lumière que même le ténébreux Ivan finit par retrouver le sourire. Petit à petit, il découvre que la meilleure manière de s’en sortir lui-même est d’aider les autres à aller mieux.
Fabien Toulmé n’est pas seulement un formidable raconteur d’histoires, c’est aussi et surtout un auteur d’une grande humanité. Il l’a déjà prouvé à de multiples reprises depuis le début de sa carrière, notamment dans son album autobiographique "Ce n’est pas toi que j’attendais" sur la naissance de sa fille atteinte de trisomie 21, ainsi que dans la trilogie "L’odyssée d’Hakim", qui raconte de l’intérieur le long périple d’un réfugié syrien en route vers la France. Avec "ULIS", il signe à coup sûr l’une de ses BD les plus réussies. En s’inspirant du vécu de sa fille Julia, qui a elle-même été scolarisée dans une classe ULIS, Fabien Toulmé parvient de manière remarquable à mettre en lumière le rôle essentiel joué par les accompagnants, qui soutiennent des dizaines de milliers d’élèves en situation de handicap à travers toute la France. Des professionnels passionnés et investis, auxquels Fabien Toulmé rend un magnifique hommage. A la base, "ULIS" ne devait pourtant pas être une bande dessinée, mais un film. L’auteur a travaillé pendant plusieurs années sur le scénario, dont il y a eu de multiples versions, et il a rencontré plusieurs centaines de jeunes susceptibles de jouer dans son long-métrage. Finalement, le projet est tombé à l’eau, mais toute cette documentation accumulée par Fabien Toulmé a constitué une formidable matière première pour "recycler" son scénario de cinéma en scénario de bande dessinée. Cela donne lieu à un roman graphique très juste sur la scolarité des enfants en situation de handicap et sur le quotidien de leurs parents et accompagnants. A priori, le sujet pourrait paraître assez complexe à mettre en images, mais Fabien Toulmé parvient à s’éloigner du côté documentaire pour signer un livre plein d’empathie, d’émotion et de tendresse. Il nous touche au plus profond de nous-mêmes, tout en nous ouvrant les portes d’un monde inconnu pour la plupart d’entre nous. Avec "ULIS", Fabien Toulmé nous offre un concentré de lumière et d’espoir dans une période qui en a tant besoin.
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Créée
le 17 nov. 2025
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