Un été indien
7.1
Un été indien

BD (divers) de Hugo Pratt et Milo Manara (1983)

En 1983, Hugo Pratt et Fulvia Serra lancent dans les kiosques italiens Corto Maltese, une nouvelle revue de bande dessinée. Le premier, naturellement, en est la figure de proue, tandis que la seconde en assure la direction éditoriale. Afin d'enrichir les pages du mensuel, le créateur du célèbre marin fait appel à quelques-uns de ses confrères et amis, parmi lesquels Milo Manara. Les deux hommes, qui se connaissent depuis une dizaine d'années, s'apprécient et s'admirent. Grâce aux conseils de son aîné, Manara s'est fait un nom dans l'univers des fumetti, notamment avec ses séries Les Aventures de Giuseppe Bergman à partir de 1978, et Le Déclic dès 1983. Lorsque Pratt lui propose de dessiner pour lui Tutto ricominciò con un'estate indiana, le cadet s'exécute avec enthousiasme. Les 144 pages de cette histoire, qui seront rassemblées en album en 1986 en Italie et l'année suivante chez nous, paraissent entre octobre 1983 et mai 1985 dans les vingt premiers numéros de Corto Maltese.


Une magistrale scène d'ouverture de neuf pages, sans le moindre texte, plante le décor : sur une plage déserte de la côte Est de l'Amérique du Nord, une jeune fille est violée par deux Indiens. Un colon, arrivé peu après le crime, abat les Peaux-Rouges et ramène la fille chez lui pour la soigner. Cet événement déclenchera une réaction en chaîne conduisant à l'attaque des natifs sur la maison des Lewis - la famille du sauveur de la jeune fille -, puis sur le village de New Canaan. Viols, incestes, meurtres et massacres vont ainsi se succéder durant les 48 heures que dure cette aventure, qui met en scène, sans concessions, l'existence de cette petite communauté de colons drapée dans son puritanisme hypocrite.


Première collaboration entre les deux Italiens (l'excellent El Gaucho suivra en 1991), Un été indien est pour Pratt l'occasion d'explorer, une fois de plus après Ticonderoga et Fort Wheeling, les thèmes des débuts de la colonisation de l'Amérique et des premières guerres indiennes. Distillant des références à James Curwood et Nathaniel Hawthorne, il signe un récit violent et dérangeant, mais non dénué de poésie. Aux pinceaux, Manara démontre toute l'étendue de son talent, non seulement dans les nombreux dessins de femmes nues, mais aussi - et surtout - dans tout le reste.

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le 9 mars 2017

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The Maz

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