Un récit moins essentiel, presque un spin-off. Génial de simplicité et de mise en scène.

Après les 3 premiers tomes, je pensais sincèrement que Sin City finirait par me lasser.
Le tome 4 m'avait déjà montré que c'était sous-estimer Miller que de penser qu'il n'allait pas savoir se renouveler pour la suite de sa saga, ce tome 5 a carrément achevé de me convaincre que le bonhomme en avait encore beaucoup sous la semelle.

Et pourtant, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent côté scénario dans ce "Valeurs familiales".
Miller part ici d'une intrigue ultra-simpliste pour laisser la part belle à son implacable travail de mise en scène qui fait toute la différence et tout le plaisir du lecteur.

Délaissant pour un temps ses pervers sexuels, flics corrompus et autres joyeusetés qui peuplent Sin City, le récit se concentre sur les personnages de Dwight et Miho s’immisçant dans une guerre des gangs pour une raison que Miller garde secrète jusqu'au bout (même lorsque son scénario est plus simple, il parvient à en tirer le meilleur parti en gardant une part de suspense).

Dès le départ, les joutes verbales de Dwight et la force tranquille de Miho nous indiquent que l'épisode qu'on lit ne sera pas placé sous le signe de la tension et de la gravité. Les 2 complices avancent d'un pas sûr et rien ne saura les arrêter. Les dialogues sont plus courts, moins pesants, souvent drôles, Miho découpe des membres joyeusement, tout est plus léger, aérien que dans les tomes précédents : Miller s'amuse, nous aussi.

Les planches sont sublimes, jouant sur des styles graphiques très différents (Miho est croquée dans un style très cartoon), le noir et blanc frôle le sublime sur quelques dessins plus qu'inspirés.

Un tome qui joue de sa simplicité pour livrer un épisode fluide, fun, très différent des précédents.
Un plaisir primal moins dont on aurait bien tort de se priver car s'il est moins sombre et essentiel que les précédents, ce 5ème tome de Sin City n'en est pas moins jouissif, bien au contraire.