L'art raconte la guerre

Etant assez peu connaisseur du travail de Larcenet hors de sa BD Retour à la Terre, je décidais de sauter le pas en me lançant dans une des nombreuses saga de la prolifique carrière du monsieur, riche en collaborations diverses.

Ainsi, la série des Aventures Rocambolesques m'attira l'oeil, surtout le volume La Ligne de Front et son Van Gogh en première ligne durant la Première Guerre Mondiale. Larcenet, au travers de cette aventure rocambolesque, offre un fragment de vie d'un personnage célèbre dans un cadre anxiogène : la guerre des tranchées, au plus près de la folie des hommes et de l'enfer qu'ils ont crée.

Van Gogh, ici réincarné en figure ramboesque artistique, est mandaté par la hiérarchie militaire afin de comprendre pourquoi les soldats en ont marre de la guerre. Son objectif est clair: peindre la réalité des tranchées, en s'immisçant au plus près du conflit. S'en suit alors une aventure mêlant comédie et poésie sombre accompagnée du trait expert de Larcenet, qui alterne ici entre sombres compositions VanGoghienne et pages délirantes où folie et réalité s'entremêlent sournoisement.

C'est là que Larcenet fait mouche avec une efficacité exceptionnelle, puisqu'il sort de l'exercice graphique académique en décrivant l'horreur de la guerre par le biais d'un personnage n'ayant rien à faire là. C'est dans cet absurde savoureux que réside pourtant toute la poésie et la force du propos. Car les soldats ne comprennent rien à l'art, c'est bien connu.