Vous n’aurez pas les enfants de Arnaud Le Gouefflec et Olivier Balez.
« L’Incroyable sauvetage des enfants juifs du camp de Vénissieux. En Août 1942 »
Le résumé écrit au dos de cette BD laisse penser un soupçon d’aventure et de suspens. C’est pourtant tout le contraire du livre qui s’inscrit dans un genre qui commence à avoir un certain nombre titres à son actif : celui du témoignage / documentaire autour de l’occupation française.
Un peu de contexte : en 1942, nous sommes en zone libre, Vichy reçoit ses ordres de l’administration Nazi et notamment celle d’identifier puis de parquer en vue d’être déporté, les juifs étrangers présents dans la région lyonnaise. Dans ce contexte, les familles ont surtout peur pour les maris, jusqu’à présent peu de femmes et d’enfants ont été déportés, du moins en France. Cette fois-ci ce ne sera pas le cas…
Sauf qu’organiser cette identification, ces transferts et ces parcages, nécessite tout de même une administration. Pour se faire Vichy s’appuie, pour gérer l’identification et la santé des détenus, sur le diocèse de Lyon et l’administration religieuse catholique en général. Informé par ses canaux d’informations (notamment par les représentants de la communauté juive) de la possibilité que ces rafles risquent d’amener à la déportation d’enfants, un plan de sauvetage va être mis en place.
Un plan de sauvetage fort peu rocambolesque puisqu’elle va principalement s’appuyer sur les failles administratives du système, les fausses maladies et les abandons massifs d’enfants éviter les premiers départ vers l’Allemagne.
La BD a l’originalité de suivre et de s’attarder sur le travail administratif du camp de Vénissieux et son organisation pour le moins inadapté afin de donner du corps au contexte de cette période, pas toujours facile à saisir. Les fonctionnaires sont rarement zélés, souvent débordés et préfèrent régler rapidement cette affaire dont tout le monde comprend bien qu’elle cache un désastre humain. Les résistants s’attachent le plus pragmatiquement possible à faire sortir le plus d’enfants possible du camps, quitte à séparer les familles, droguer des faux malades ou se servir de la position des religieux pour éviter des contrôles trop drastiques par la police.
Un beau travail donc, avec un angle plutôt original.
Spoiler déprimant, l’administration nazi trouvant les trains trop peu remplis en provenance de Lyon vont demander à élargir les critères de sélections, et surtout poursuivre les organisateurs de cette /« fuite », qui vont tous devoir aller se cacher.
8/10
Emilien