Dans sa BD autobiographique Approximativement, Lewis Trondheim se livrait à une féroce autocritique par avatars interposés, reprochant à celui symbolisant son côté crétin : "Lovecraft et quelques bouquins de SF sont sa seule culture".


Bah le moins qu'on puisse dire en lisant Walter, c'est qu'en ce qui concerne Lovecraft, l'auteur maîtrise son sujet !


Attention, cette BD réjouira les amateurs du mythe de Cthulhu mais pas les puristes, car Lewis Trondheim ne fait que Trondheim et les Formidables Aventures de Lapinot ne racontent que les Formidables Aventures de Lapinot.


Sauf que dans Walter, comme dans Blacktown ou Vacances de Printemps, les personnages habituels des FADL vont à nouveau incarner des avatars liés au contexte exceptionnel de l'aventure. Mais attention ! Il s'agit toujours des mêmes personnages ! Et c'est ce qui fait la force de ces tomes qui quittent la timeline classique. On aime cette bande. En particulier le trio Lapinot/Richard/Thierry. Dans Walter, il ont décidé de jouer à l'Appel de Cthulhu et chacun incarne un avatar très lovecraftien : Lapinot un étudiant en médecine, Thierry un fonctionnaire de police, et l'inimitable Richard un journaliste (l'occasion en plus pour les deux derniers de jouer une belle caricature de ces deux professions).


Et même si ils vont croiser des monstres, un savant fou, des complots et vont devoir mener l'enquête pour éviter l'apocalypse, il s'agit d'une pure Formidable Aventure de Lapinot.


On aura donc une histoire très dynamique et bien construite, et cet humour caractéristique que l'auteur va insérer dans le moindre dialogue.


Comme toujours, les dialogues et l'action sont les gros points forts de cette BD.


Au niveau de l'ambiance, le coloriste éponyme (un hommage ?) est, selon moi, au sommet de son art. Alors je ne suis pas du tout objectif, je voue une véritable admiration au travail du coloriste Walter, quelque soit la BD sur laquelle il a travaillé. Quand j'étais gosse, je pouvais repérer les BDs qu'il avait colorisé rien qu'en regardant la couverture de loin (et peu importe le dessinateur). Du coup grâce à lui, j'ai pu découvrir un tas d'auteurs, mais donc, en particulier Lewis Trondheim.


Toujours est-il que ce tandem fonctionne à plein régime dans ce tome pour nous offrir une atmosphère clair/obscur qui convient parfaitement à l'ambiance d'enquête (aussi déjantée soit-elle). On ressent la lumière artificielle des éclairages d'entre-guerre, le reflet des flammes, la grisaille du brouillard.


En résumé : humour brillant, les dialogues se lisent et se relisent sans modération. Généralement, si on accroche, c'est pour longtemps.

Wolman
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le 30 nov. 2016

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