A la base, je voulais faire une critique de 3 lignes avec ce titre, juste pour le jeu de mots, mais maintenant que j’y suis autant écrire sur les raisons qui pourraient expliquer la déception que constitue ce film. Du coup, je vais spoiler comme j’en ai l’habitude.


10 Cloverfield LANE commence de manière intéressante avec cette histoire de départ improvisé par l’héroïne qui se retrouve subitement enchaînée au fond d’une cave, par un homme qui explique l’avoir sauver de l’apocalypse alien.


Alors là je le dis tout de suite, on se retrouve face à la prémisse d’un potentiel chef-d’œuvre. Il faut se rendre compte des possibilités entrouvertes par ce topo et on aurait pu parler :



  • du dilemme entre demeurer prisonnier d’un maniaque mais en sécurité
    ou vivre libre et en danger.

  • de la folie progressive qui se développe lorsque l’on vit sous terre
    dans un espace confiné.

  • du sujet de la sexualité extorquée à la captive par ce vieux pervers
    l’ayant capturée

  • du développement de la problématique suivante : comment puis-je
    accepter moralement de vivre en sécurité dans mon bunker quand je
    sais que mes semblables meurent en surface ? et que je peux
    potentiellement les sauver ?


Autant dire que le film n’explorera pas ces problématiques, car bien entendu ce n’est pas un drame, ce n’est pas un film à concept, c’est un film de divertissement, mais qui sacrifie tout propos au profit d’une pseudo-angoisse molle qui ne me prend pas aux tripes.


C’est un divertissement on l’a dit, mais même sous cet angle le film est d’un ennui terrible ; on attend pendant tout le film que celui-ci nous parle de quelque chose, explore une thématique, développe des idées : à la fin des 90 premières minutes, j’avais honnêtement le sentiment que rien ne s’était passé.


Un autre défaut de ce film est son inconsistance en termes de ton et de genre. On assiste ainsi à un « huis-clos » dans les cinq premiers sixièmes du film qui se transforme soudain en film d’action SF bas de gamme. Je ne suis pas contre les changements de ton ou de genre à l’intérieur des films, mais ils doivent se faire au profit d’un propos, pas pour nous offrir un final nanardesque et boursouflé, tentant de manière maladroite de relier son histoire à celle du Cloverfield original (qui avait connu un certain succès). Sans doute Cloverfield mérite une suite ou un spin-off, mais ce film n’était pas celui qu’il fallait, et qui se fait au détriment des deux films.


10 Cloverfield Lane est donc une opération de sabotage vis-à-vis de sa propre histoire en sacrifiant sa logique interne à la nécessité mercantile d’offrir une suite au précédent succès de la société de production de J.J. Abrams Bad Robots.

Quentin_Pilette
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le 29 déc. 2016

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Quentin Pilette

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