Monstre intraterrestre
Le principal intérêt de 10 Cloverfield Lane réside évidemment dans cette perspective d’extrapolation de l’univers du film d’origine de Matt Rieves, ayant connu son petit succès en 2008,...
le 17 mars 2016
108 j'aime
7
10 Cloverfield Lane c'est une adresse. C'est l'adresse d'un bunker qu'Howard, a fabriqué avec l'aide d'une jeune ouvrier. Howard est adepte des théories du complot, il croit dur comme fer à une attaque chimique des Russes, ou à une invasion alien. Michelle, qui vient de quitter son fiancé, s'enfuit sur une route déserte. Elle se fait percuter par une voiture et se réveille dans ce bunker, au 10 Cloverfield Lane. Elle rencontre alors celui qui l'a apparement enfermé là, Howard, qui lui explique qu'il l'a sauvé et que dehors c'est l'apocalypse, et qu'elle doit vivre ici, avec lui et Emmet, le jeune homme qui a aidé à construire ce lieu.
Je vais essayer de pas trop en dire pour ne pas trahir la volonté de JJ Abrams, le producteur. On est à l'heure d'internet et de l'information à grande vitesse mais le tournage a su rester secret. A tel point que le monde a appris l'existence de ce film avec une bande-annonce très mystérieuse, à peine deux mois avant sa sortie en salle. C'est assez incroyable quand on sait que JJ Abrams est probablement le producteur le plus exposé de ces derniers mois puisqu'il est le réalisateur du dernier Star Wars. Et pourtant... il y a deux mois sortait sur nos petits écrans la bande-annonce de 10 Cloverfield Lane, on ne l'avait pas vu venir et c'est pourtant un des meilleurs films de ce premier trimestre 2016.
On est vite mis dans l'ambiance, l'accident de Michelle arrive dès les premières minutes, on est étouffé par une caméra présente à l'intérieur de la voiture, on suffoque au milieu des pneus qui crissent et du verre qui se brise. Cette scène, en plus de bénéficier d'un traitement sonore horriblement sublime, est monté avec un générique de début terriblement silencieux. Le ton du film est donné, on ne va pas respirer pendant 1h40.
Le réalisateur choisi pour ce projet est complètement inconnu du cinéma, c'est Dan Trachtenberg et je pense qu'on peut retenir son nom, il maitrise entièrement son sujet. Sa mise-en-scène est nerveuse mais précise, et le choix de Bear McCreary pour la musique est très judicieux, il est très familier de la science-fiction, puisqu'il a signé les BO de Battlestar galactica et de Marvel Agents Of Shield. Il utilise ici des violons à la fois poétiques et oppressants pour nous balader dans les pensées de l'héroïne, Michelle, qui ne sait plus sur quel pied danser face à son ravisseur qui dit être son sauveur. Ou son sauveur qui a des allures de ravisseur. On ne sait pas, et elle non plus.
Le trio de comédiens est omniprésent. John Gallagher Junior, qui joue le jeune ouvrier, est touchant et attachant, mais c'est John Goodman et Mary Elizabeth Winstead qui crèvent l'écran. Goodman avec sa silhouette imposante et sa voix grave, est aussi rassurant qu'inquiétant. Il maitrise à la perfection ce rôle que ni l'héroïne, ni le spectateur n'arrive à cerner, il oscille sans cesse dans nos cœurs entre le gentil et le méchant. Mary Elizabeth Winstead est complètement à contre-emploi, d'habitude elle joue des rôles girly plutôt fade, comme dans Boulevard de la Mort ou dans les derniers Die Hard, mais Michelle est une femme indépendante qui se découvre une force intérieure dont elle ignorait l'existence. Au fil du film, elle s'affirme, elle grandit, elle devient puissante et de se laisse jamais abattre. C'est une vraie héroïne, qu'on peut comparer à Sigourney Weaver dans Alien.
En conclusion, 10 Cloverfield Lane est un mélange parfait d'angoisse, de science-fiction et de thriller. Le dernier acte est très court mais punchy, très fidèle au style de JJ Abrams, il est à la frontière de la série B, et c'est jouissif.
Je n'ai pas vraiment parlé du contenu du film, c'est volontaire, je pense qu'il est très intéressant de le voir comme ses créateurs l'ont souhaité, dans le mystère le plus total. Ce que je peux vous dire c'est que c'est puissant, c'est dérangeant et c'est terriblement stressant. C'est un film sur toutes nos angoisses, toutes nos peurs et tous nos doutes. Et comme j'en parlais au début de ma chronique, c'est aussi un film sur les regrets, les regrets qu'on a quand on est face à notre vie. L'héroïne en a des regrets, mais elle nous prouve qu'on est tous capable de choses incroyables, qu'il suffit juste de croire en soi.
Créée
le 21 avr. 2016
Critique lue 434 fois
D'autres avis sur 10 Cloverfield Lane
Le principal intérêt de 10 Cloverfield Lane réside évidemment dans cette perspective d’extrapolation de l’univers du film d’origine de Matt Rieves, ayant connu son petit succès en 2008,...
le 17 mars 2016
108 j'aime
7
Inutile de tourner autour du pot pour vous dire que ce 10 Cloverfield Lane laisse, après la séance, un sentiment mitigé. Je ne regrette pourtant pas mon argent. Mais le film est symptomatique d'une...
le 16 mars 2016
98 j'aime
12
(Regorge de spoils) Howard est un mec prévoyant. Genre Curtis, voyez, le gars de Take Shelter : on sait jamais, des fois que, un appart en sous-sol, ça peut aider. Provisions, filtration de l’air,...
le 8 juin 2016
73 j'aime
18
Du même critique
Rocketman, en fait c'est la mort de Reginald Dwight et la naissance de son alter ego Elton John. L'idée de base est plutôt chouette, Reginald comprend qu'il doit tuer celui qu'il ne veut plus être et...
le 3 juin 2019
12 j'aime
1
Ok alors... comment dire... c'est l'histoire d'une femme, la trentaine, mais déjà 40 dans sa tête. Elle attend un heureux évènement, mais figurez-vous que sa mère, 47 ans mais 17 dans sa tête, aussi...
le 6 avr. 2017
7 j'aime
Le film d'Yvan Attal s'ouvre sur une réplique bien connue du Marchand de Venise, de Shakespeare, je cite « Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? ». L'ambiance est posée car il...
le 4 juin 2016
7 j'aime
1