Faut pas croire, y'a pas que la fin qui est bidon

Avec la fête du cinéma on se sent tous obligé de prendre nos petits sous et de nous enfermer dans nos salles noires préférées. Il faut dire que l'idée de payer sa place moitié prix qu'en temps normal est un argument de poids, libéré des contraintes financières le cinoche redevient un plaisir véritable. On peut alors se laisser aller à regarder des films un peu au hasard, sans se renseigner sur internet sur le résumé ou les appréciations générales, bref on peut aborder un film presque aussi paisiblement que si on allumait la télé. Mais le monde dans lequel nous vivions et l'appel de la gratuité n'appellent pas toujours les meilleurs films et on ne peut toujours fuir les mauvaises surprises en l’occurrence dans le cas qui nous concerne je parle de Cloverfield Lane.

Je spoile à mort mais alors ne lisez pas vous qui n'avez pas vu ce film

Une jeune femme a un accident, elle se réveille enfermée dans un bunker construit par John Goodman (j'ai zappé le nom de son perso) qui lui avance l'idée folle que la surface est envahie par des gaz mortels. D'ailleurs il prévoit de tenir ainsi isolés deux ans, le bunker étant équipé en électricité, en eau, en jeux de société, en bouffe, bref de quoi tenir le temps que la tempête se calme. Il y aussi un autre résident dans j'ai zappé le nom mais qui n'apporte de toute façon rien à l'intrigue. La fille essaiera de se faire la malle de nombreuses fois parce qu'elle ne fait pas confiance à Goodman, chose que l'on peut comprendre au vu de sa carrure qui lui fait jouer presque systématiquement des méchants dans tout les film où il apparait. Sachant cela; le suspense en est particulièrement amoindri, surtout à cause de la manière anarchique avec laquelle son personnage a été construit. Il a été marié, a eu une enfant, a été marine, à construit un bunker, détient une photo de sa fille qui en fait n'est pas sa fille, a prédit l'apocalypse par la magie de "mon petit doigt m'a dit", bref si je vous demande de me rédiger une biographie du personnage on va au devant de graves déconvenues

Pour ce qui est de la photo de la jeune fille mystère j'invite tous ceux qui ont mis plus de 5/10 à ce film à se demander qui elle était et quel était rapport avec le film. Pourquoi cette photo? Pourquoi la présenter comme sa fille? Pourquoi ce "HELP" laissé sur le verre? Cette sous intrigue est totalement inexpliquée et laissée dans le vent, ce qui rend tout le traitement autour du personnage de Goodman assez désuet. On se retrouve avec un type perturbé sans raison, assez creux au passé confus dont on ne comprend pas les réactions durant le film. La fille et l'autre résident sont pas forcément intéressants, certaines de leurs répliques sont amusantes mais on s'en fout un peu de ce qu'ils racontent au final. Ca reste du baratin sans aucun rapport avec le film en lui même, du remplissage pour donner une pseudo dimension dramatique à l'ensemble. Autrement dit ça n'apporte rien. Ça ne fait pas avancer l'intrigue et çan'a aucune incidence sur les actions des personnages..

Pour ce qui est du huit clos en lui même, le film est bigrement mauvais. Je suis outré par cet usage abusif et totalement putassier de musiques d'ambiance toutes les 3 secondes. La fille se lève, la musique s'emballe, elle attrape sa béquille ça s'accélère, elle attrape le portable et le ton monte encore. Jamais de silences bien sentis, jamais aucun moment où on laisse le spectateur face au vide, tout est intrusif, grossier et chiant. On ne vous laissera jamais le temps de vous angoisser et de vous imaginer le pire. La suggestion n'existe pas ici bas. Si Goodman dit ou fait quelque chose d'effrayant, soyez certain que la musique va s'emballer à la seconde pour bien encadrer au surligneur rouge qu'il faut avoir peur. Même symptôme pour toutes les scènes d'action quand la fille essaie de s'enfuir, jamais le moindre suspense, la musique accompagne la poursuite de bout en bout tuant toute immersion. Alors qu'un huit clos réussi se fait tout en longueurs, tout en subtilités et en suggestions, eh bien pas cette fois. Clovefield Lane nous la joue Hollywood avec des effets qui gueulent et de la bande son qui nous harcèlent les tympans.

Que dire de plus? La fille se la joue McGiver. Elle simule un incendie, se bricole une tenue anti radiations IKEA, et fait exploser un vaisseau alien avec un Molotov. Et à la fin elle se dirige du côté des survivants qui se battent contre les alien, résolue à en découdre. Bilan? Rien. Des jeux d'acteurs noyés par des effets de mise en scène hollywoodiens, un scénario qui parvient à être à la fois simpliste et confus, un final catastrophique qui se la joue guerre des mondes et un manque d’intérêt certain font de Cloverfield Lane une de mes mauvaises surprises de ce début de fête du cinéma.

Oscillant entre thriller, scénario catastrophe et invasion d'aliens, Cloverfield Lane est un film assez bâtard qui ne s'illustre en rien et ne parvient jamais à trouver son identité.