Il faut regarder 10 Cloverfield Lane comme un curieux objet cinématographique, un de ceux qui déboulent de nulle part, sont annoncés au dernier moment et investissent vite la toile et les salles pour se faire buzz malin.
Il faut donc le regarder l’œil vierge de toute information sur son contenu, et ne pas trop chercher le lien avec la petite bombe brillante et horrifique qu'était le Cloverfield, premier du nom.
Car s'il faut avouer que ce 10 Cloverfield Lane est réussi, il faut aussi avouer qu'il n'a de Cloverfield que le nom. On est bien loin du film en caméra amateure et aux effets spéciaux troublants de réalisme qu'était le film de Matt Reeves.
Il s'agira ici de voir le présent film comme un habile blockbuster minimaliste, ingénieux par son économie de moyen, et au final très anxiogène.
Un petit film d'horreur, en somme, avec pour parti pris de ne rien exliquer.
On a cette jeune femme, séquestrée et enfermée, apparemment pour son bien, dans un bunker souterrain, protégé d'un monde qu'on lui annonce dévasté par une guerre nucléaire et chimique. Et elle, et aussi nous au final, n'avons plus que notre bonne fois pour y croire et accepter ce destin.
Si l'on est curieux au départ de voir où le film nous mènera, on ne peut être que scotché par la seconde partie, insidieuse, ironique et profondément malsaine, où dans un syndrome de Stockholm qu'on ne saurait dire s'il est simulé ou non, les victimes pactisent avec leur ennemi, l'impérial John Goodman, qui semble au fond avoir de vraies bonnes intentions.
Et jusqu'à la fin on ne saura vraiment rien de ses motivations, si elles sont honnêtes, si elles sont mauvaises, on ne saura si les indices qui laisseraient supposer


la séquestration et le meurtre d'une jeune femme


sont de vraies pistes.
On n'en sait rien, et le scénario se fait un malin plaisir à ne pas savoir non plus, ou en tout cas à ne nous rien dévoiler.


Car la fin, qui peut laisser sur le cul autant parce qu'elle dénote d'avec l'ensemble que parce qu'elle est soudain un peu absurde, presque drôle sans le vouloir, n'est en fait que prétexte pour relier ce film à la série Cloverfield, qui se serait bien passée d'un séquel ou d'un préquel. 10 Cloverfield Lane quant à lui aurait sans doute bien mieux fonctionné s'il avait été film indépendant, relié à rien, se suffisant à lui-même.

Créée

le 17 avr. 2016

Critique lue 301 fois

Charles Dubois

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