Quatre mois après avoir traité la ségrégation des années 1960 à nos jours (Le Majordome de Lee Daniels), le cinéma américain continue d’affronter l’histoire honteuse de son propre pays avec cette fois-ci une immersion totale dans l’esclavage au milieu du XIXème siècle. Et ce film pourrait bien devenir la référence en la matière, tant il prend à la gorge grâce à une reconstitution remarquablement fidèle de l’époque, de la mentalité des esclavagistes et du calvaire des esclaves.
12 Years A Slave parvient ainsi à nous faire ressentir les humiliations quotidiennes, la peur de mourir à chaque instant du jour et de la nuit, et, malgré tout, la volonté de garder une dignité humaine tout en vivant au jour le jour.
Surtout, il réussit à représenter la violence, qu’il est nécessaire de montrer pour être réaliste, sans toutefois en saturer le long-métrage. Le risque d’une telle saturation étant d’obtenir l’effet inverse de celui souhaité : une banalisation de la brutalité.
Au contraire, le cinéaste a fait le choix de ne montrer qu’une seule scène dans ses moindres détails, n’hésitant pas à filmer de près le corps lacéré d’un esclave recevant des coups de fouet.
A part cette scène, les autres séquences brutales, présentes tout au long du film, sont montrées dans une cave obscure, de nuit, en arrière-plan, ou bien suggérées par des dos meurtris ou par des cris de douleur hors champs. La violence est donc omniprésente, mais sans tomber dans un excès visuel, ce qui aurait desservi la volonté de l’œuvre.
12 Years A Slave est un film d’une grande sobriété et d'une redoutable efficacité.