Bon c'était sacrément casse gueule comme film, sur un tel sujet affublé du terrible label "inspiré de faits réel" qui la plupart du temps nous prend en otage. Et pourtant quelle réussite. D'abord parce que l'écriture évite tout manichéisme. Il y a bien Fassbender qui joue le parfait salop, mais il est tellement bon qu'il en devient fascinant. Quant a Solomon, il n'a rien d'une figure de héros. Très vite il abandonne sa belle morale, oublie toute sa fierté pour se concentrer sur sa seule survie quand il criait au début qu'il ne voulait pas survivre mais vivre. McQueen en fait un vrai solitaire, limite égoïste, n'hésitant pas a engueuler une femme avec qui il vient de voyager car elle pleure trop d'avoir été séparée de ses enfants.
Le scénario est ainsi très fin dans l'écriture des personnages, qui existe tous avec parfois très peu, dans les situations dans lesquelles il plonge ses personnages, qui quoi qu'on leur propose, ne peuvent pas choisir la bonne option. Et la mise en scène est au diapason, sans fioritures, toujours la pour faire avancer le récit, toujours signifiante sans en rajouter des caisses. Et quant McQueen choisit de faire un plan séquence dans une des dernières scènes terrible, dans ce va et vient entre Solomon, oblige de porter les coup de fouet et Patsey qui les reçoit, c'est quand on est au cœur de ce que raconte le film. Entre collaborer et survivre ou se rebeller et mourir. Pour Solomon, la mort n'est jamais très loin et le film n'occulte jamais la violence de l’époque, qui pouvait surgir sans prévenir, comme lorsque Patsey reçoit la bouteille de verre que lui a lance la femme de Fassbender en plein visage. McQueen la filme de front, comme il l'avait déjà fait dans Hunger, quand la peau de Bobby Sands rougissait sous les coups des matons. Ici, les coups de fouet on remplacés les matraques.
matiou04
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le 12 mars 2014

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