Steve McQueen m'avait bluffé avec "Shame", et je voulais voir ce film multi-récompensé. J'étais à la fois curieux et inquiet, à cause du sujet et de la façon de le traiter. Alors oui, ce film possède des moments frappants et glaçants, mais il possède aussi des moments de creux et des scènes pas forcément du meilleur goût.


Solomon Northup est un noir libre de New York, qui possède un talent certain de violoniste. Embarqué par deux blancs qui veulent le recruter pour un spectacle itinérant, il se fait piéger et se retrouve enlevé vers le sud pour y devenir esclave, ce qu'il n'a jamais été.


Le film réussit quelque chose: retranscrire l'horreur de perdre sa liberté et de n'être plus qu'un objet à la solde d'un maitre, qui peut en faire ce qu'il veut. Certaines scènes sont belles dans la transcription de la cruauté (l'interminable pendaison de Solomon, les multiples insultes racistes qui deviennent dérisoires, la considération des blancs vis à vis des noirs) et d'autres n'ont malheureusement pas le recul nécessaire qu'il faudrait (à mon avis). Je pense au moment de la punition démesurée que subit l'esclave vers la fin du film, qui montre cruellement le châtiment et fait rentrer le film dans une sorte de dimension irréel. L'ultra violence véridique à son paroxysme qui fait qu'on ne retient plus que ça.


Oui, la violence n'était pas le plus important à mes yeux, le plus important était de retranscrire cet état d'esprit particulier des esclavagistes, ce que fait à certains moments le film. Il montre comment les blancs se trouvaient des excuses toutes faites pour s'accepter comme tortionnaire des noirs. Le film traite cet aspect, mais pas suffisamment à mes yeux.


Après, on va pas pinailler. 12 years a slave restera comme un film très important, parce qu'il me semble qu'il est le premier à montrer avec une vraie force d'imagerie la monstruosité de l'esclavage. A comparaison 20 ans plus tôt sortait "Glory", où une scène rappelait cet aspect de maltraitance des noirs, mais de façon "gentil", pas trop violente, acceptable. Steve McQueen lui fait déchirer la chair et crier de douleur ses esclaves, il transcrit avec toute la force possible cette douleur encore présente et cet héritage de racisme. Et rien que ça, ça permet de comprendre un peu la violence interne au sein des USA.

Yellocrock
7
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le 2 avr. 2015

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Yellocrock

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