Ou comment faire beaucoup avec très peu, c'est ni plus ni moins brillant...
12 Hommes en colère, voilà donc le Sidney Lumet par excellence, son premier film d’ailleurs, alors adapté d’un scénario original de Reginald Rose ; une œuvre caractérisée de monument cinématographique, un classique intemporel et unique en son genre… vraiment ?
Eh bien oui, tout bonnement oui : quelle expérience brillante à tout point de vue, tant dans son propos que dans sa mise en scène foutrement efficiente ; le simple fait d’avoir aussi bien résisté aux affres du temps en dit déjà long sur sa qualité intrinsèque, mais il convient de lui rendre hommage plus en détails.
Il y a d’abord ce respect de la règle des trois unités, pas forcément important au premier abord, mais ce huis clos long d’une heure trente passionnant de bout en bout nous en fait prendre pleinement conscience : 12 Hommes en colère fait beaucoup avec peu, pour un résultat tenant du chef d’œuvre.
La direction du jeune Lumet d’alors est ainsi d’une illustre efficacité, entre le sentiment croissant d’oppression, et la trame avançant avec une logique implacable au fil des délibérations, elles-mêmes captivantes et remarquablement bien écrites, on en oublie même le visuel en noir et blanc tant celui-ci n’a que peu d’importance ; la simple salle de débat nous happe donc en son sein avec une facilité déconcertante, aucune once d’ennui au programme, l’excellente intrigue s’opère avec une logique faite d’éloquence et autres joutes verbales remarquables.
Mais il n’y a pas que l’intelligence des dialogues, bien au contraire, 12 Hommes en colère arborant un propos moral fort comme pas deux, de quoi faire réfléchir chacun sur la notion de justice, son appréhension ; le fait d’user de personnages tous différents, tel un échantillon parfaitement représentatif de la population américaine d’époque, est également d’une pertinence folle, d’autant que ces derniers sont tous interprétés à la perfection.
La performance de Henry Fonda et des autres jurés concourt donc à cette réussite tant méritée du long-métrage, qui à l’aide seule de son scénario si bien construit, cohérent même, aura fait date dans l’histoire du cinéma contemporain, à bien des égards…
12 Hommes en colère est donc un plaidoyer vibrant, fort d’un discours astucieux, à l’image d’un vote à l’unanimité réfléchis et éloquent en la matière.
Une référence indémodable.
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