1922
5.5
1922

Film de Zak Hilditch (2017)

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« En 1922, la fierté d'un homme, c'était sa terre et son fils ».
Comme souvent chez Stephen King, l'horreur provient des personnages. Et c'est bien ce qu'a tenté de montrer ici Zak Hilditch, à la fois réalisateur et scénariste de ce 1922, adapté d'une des quatre longues nouvelles du recueil Nuit Noire étoiles mortes. Avec cette voix off qui va vite devenir trop envahissante, le personnage principal, Wilfred, parle de cette « créature sournoise » qui va se lever en lui et prendre son contrôle. Le spectateur peut sentir les efforts qui sont faits pour faire naître l'horreur de la psychologie de Wilfred, personnage violent, jaloux, plein de rancœur et motivé par l'appât du gain. De même, la réalisation fait des efforts louables pour refléter sur le décor naturel cette violence mal enfouie en Wilfred : dans les premières scènes, les nuages se teintent en rouge sang.
Mais, hélas, on sent bien que l'inventivité du réalisateur se limite à ces quelques effets qui, à force d'être répétés, deviennent contre-productifs. Les interventions de la voix off deviennent vite lourdes et noient le fil sous des explications redondantes, les images pouvant largement se suffire à elles-mêmes. Quant au contexte météo, il tourne rapidement à la caricature : quand tout va bien pour Wilfred, il fait soleil, puis quand tout va mal il neige.
Plus que cela, c'est le récit lui-même qui n'est pas mené adroitement. Ainsi, c'est à toute vitesse que le fermier se transforme en criminel. On passe sans transition d'une scène de ménage à l'idée de tuer sa femme. Au début du film, les séquences s'enchaînent tellement vite que le spectateur ne voit pas le fil conducteur qui amène au crime. Le meurtre arrive comme un cheveu sur la soupe, sans la moindre logique, et on doit se contenter de l'excuse du « monstre qui vit en chacun de nous » pour tout expliquer.
Cette précipitation entraîne un autre problème de taille : si on veut réaliser un film d'horreur, il est essentiel de bien prendre le temps d'implanter une ambiance. Or, en filant à toute vitesse dans la première partie du film, Zak Hilditch échoue à créer l'atmosphère propice qui déclencherait la peur chez ses spectateurs. Il essaiera bien, par la suite, de multiplier les scènes censées faire peur ou générer une angoisse, mais ce sera inutile. Maquiller Arlette de blanc pour lui donner l'allure d'un fantôme, faire des gros plans sur ses blessures et ajouter des effets chocs (comme une musique tonitruante aux moments « angoissants ») ne suffisent pas. Il est alors trop tard pour agir.
D'autant plus que le film hésite trop entre horreur et drame. Que cherche vraiment Zak Hilditch ? A nous émouvoir sur le sort de Wilfred, ou à nous faire peur ? Visiblement incapable de se résoudre à choisir entre les deux solutions, le film navigue de l'un à l'autre et échoue pour les deux.
Alors, certes, il reste d'indéniables qualités. Les images sont très belles, bien cadrées, avec un travail sur la photographie. La reconstitution de l'Amérique des années 20 est saisissante. Les acteurs s'en sortent très bien. Mais cela ne suffit pas à faire de 1922 un bon film.

SanFelice
5
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le 28 oct. 2017

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SanFelice

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