Sur le papier, tout va bien. Un film d’aventures racontant la potentielle cavale de D. B. Cooper (un pirate de l’air célèbre aux États-Unis pour avoir dérobé 200 000 dollars dans un avion avant de s’échapper en parachute). Un casting très solide dominé par Robert Duvall qui sort d’une riche décennie, et Treat Williams qui sort de plusieurs grandes réussites. Un jeune réalisateur Roger Spottiswoode qui prouvera par la suite sa capacité à se frotter au film d’action et d’aventures. Ou encore un autre tout jeune James Horner à la musique. Bref, sur le papier tout va bien. Sauf que la production du film a été pour le moins chaotique (John Frankenheimer a débuté le tournage avant de se faire virer, Buzz Kulik l’a remplacé et Roger Spottiswoode a fini le tournage et s’est occupé du montage) et que le résultat a été un échec total. C’est la raison sûrement pour laquelle le film est si mal connu, jamais diffusé à la télévision ou édité sur support physique.
La première partie du film est pourtant plutôt sympathique voire réussie. Notre pirate de l’air saute de l’avion au générique et la traque commence de suite. À ses trousses, un agent d’assurances qui, hasard des choses, était aussi son supérieur dans l’armée. Les ficelles sont certes un peu grosses mais toutes les conditions sont réunies pour un bon film d’aventures, d’autant que la poursuite s’engage dans une forêt du nord-ouest des États-Unis traversée par des rapides propices à une belle séquence. Si, progressivement, le film se rapproche de ces films américains des années 1970 avec poursuites à l’aide de tous les moyens possibles (à pieds, à cheval, en voiture, en canoë, en avion), il devient de plus en plus léger jusqu’à s’achever dans la grande pantalonnade. Ce changement de ton avec musique cartoonesque à l’appui fait basculer le film dans le grotesque. L’apparition d’un autre personnage qui connaît également les deux hommes pour avoir été, lui aussi, un soldat, finit par faire exploser le script. Tout dès lors n’est plus qu’un prétexte à des gags plus ou moins lourds et des entourloupes plus ou moins grossières.
Aussi plus le film avance, plus il se perd et sombre dans le ridicule. Si elle se veut spectaculaire, la poursuite entre la voiture et l’avion est plus burlesque qu’autre chose. Treat Williams et sa belle petite amie (aperçue l’année précédente dans Le Chasseur de Buzz Kulik) qui font l’amour en conduisant avec en fond un air de guitare yankee, franchement c’est lourd. Et on finit par se demander ce que fout Robert Duvall dans ce bordel. Écrit de toute évidence à plusieurs mains, remanié maintes fois, le résultat manque clairement de cohérence de ton. Le volet thriller d’aventures du début (qui annonce le Randonnée pour un tueur que le réalisateur tournera quelques années plus tard) est très intéressant. L’humour quasi potache de la deuxième partie gâche tout.
4,5