Si tout homme perd 21 grammes en mourant, il faudrait savoir combien il prend en kilogrammes de bêtise devant ce condensé de misérabilisme qui regarde ses corps se heurter dans des décors sales en se repaissant de leurs souffrances. La caméra à l’épaule semble constamment à l’affut de la plus petite étincelle de détresse : un cri, un sursaut, une absence manquant de faire vaciller le personnage.


Alejandro González Iñárritu signe ici une pornographie de la misère comme le sera Capharnaüm (Nadine Labaki, 2018) une décennie plus tard, sondant le désarroi de la small town américaine et le besoin qu’ont ses habitants de trouver des alternatives à leur condition humaine et sociale – la religion, la drogue, l’alcool, la vie de famille. Seuls valent les acteurs qui attestent un talent certain pour jouer la souffrance, mention spéciale à Benicio del Toro gorgé de foi et de violence. L’éclatement du récit en sauts de puces depuis un présent incertain vers un passé ou un futur rend le film illisible et conscient de cette illisibilité, presque auto-satisfait devant un spectacle que le réalisateur orchestre tel un marionnettiste cupide.


La laideur des plans n’a d’égale que la mollesse minimaliste de la musique que signe Gustavo Santaolalla. Et s’il ne pèse pas lourd, 21 Grams n’en demeure pas moins un long métrage abject.

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le 13 mai 2021

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