Paraître Transparaître et Disparaître

Effectivement 2:37 est un film imparfait, quelque peu englué dans les clichés et aux jeux d'acteur de qualité variable. A première vue on a le droit à un "sous Elephant" comme le font judicieusement remarquer la plupart des critiques ici publiées. On pense aussi à Larry Clark, qui traite le sujet de l'adolescence avec davantage de verdeur, ne fait aucune concession. Thalluri opte aussi pour une vision un peu similaire à celle d'Antonio Campos (Afterschool) où les jeunes, dépravés et cruels sont en définitive des êtres extrêmement vulnérables.

Ici le réalisateur ( qui a écrit ce film à 20 ans quand même respect !) choisit la chronologie à rebours selon le point de vue de 6 lycéens lambdas et opte pour une violence essentiellement verbale puis déversée plus brutalement dans les dernières minutes. Les thèmes de l'ignorance, de l'altérité lésante mais aussi du mal être adolescent sous toutes ses formes et manifestations ne sont pas nouveaux mais sont ici représentés avec une certaine justesse, une sobriété qui se prête à la gravité du sujet.

Si l'on peut reprocher à ce calque quasi littéral au film de Gus Van Sant d'être un peu paresseux ( notamment les scènes sans paroles, les couloirs interminables...), ce long métrage est un peu plus sensible qu'il le laisse paraître et se démarque par son absence de sensationnalisme, ce qui le rend d'autant plus réaliste et touchant. On a parfois l'impression d'avoir affaire à un épisode de Made ( l'émission sur les ados outsiders de MTV) non édulcoré, notamment avec ces séquences à confesse en noir et blanc. On ne s'étonne alors pas que cette histoire soit inspirée de faits réels et dédiée à la meilleure amie du réalisateur ( qui s'est suicidée).

Le choix de ne pas se centrer sur cette dernière est finalement bien pensé puisqu'il démontre quelque part qu'il est facile de faire abstraction, d'ignorer, d'être aveugle devant la détresse. A l'image des protagonistes absorbés par leurs propres "affects", le spectateur n'aura pas vu le drame se produire. Son personnage transparaît d'ailleurs comme le plus joyeux et heureux tout au long du film pour finalement disparaître au terme d'une agonie tragique.
Camilla_Saviler
6
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le 7 sept. 2013

Modifiée

le 7 sept. 2013

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