300
6.4
300

Film de Zack Snyder (2007)

Si tout est impressionnant, alors plus rien ne l'est.

Je me souviens encore très bien du sentiment d'imposture que m'avait procuré Man of Steel, mais je n'avais pas envie de me placer tout de suite du côté des détracteurs de Zack Snyder. Après tout, il est possible qu'il ait été limité par les exigences des producteurs. Je lui ai donc donné une seconde chance avec 300, mais il s'avère finalement que les tares du premier opus de l'univers cinématographique DC sont les tares des films de Snyder en général.


Par où commencer ? La première chose qui frappe, c'est la laideur de la photographie. Les images sont baignées dans des tons écœurants, allant du jaunâtre au blanc aseptisé, qui rendent l'ensemble particulièrement désincarné. Les gros plans deviennent alors particulièrement étranges. Je ne sais pas comment s'est débrouillé le chef-opérateur, si cela provient de l'étalonnage ou de la simple utilisation des effets spéciaux, mais les visages des acteurs semblent avoir étés modélisés pour être intégrés à une cinématique d'un jeu vidéo. Une cinématique techniquement irréprochable, mais qui propose, par définition, des images artificielles.


Cette impression se poursuit dans la mise en scène très tape-à-l’œil des combats. Snyder multiplie les effets (les fameux ralentis, mais aussi les zooms) pour rendre les affrontements impressionnants, sans aucun sens de la mesure. Le film cherche continuellement à faire plus, à montrer des actions plus héroïques, des plans plus imposants, accompagnés d'une musique encore plus épiques, si bien que l'ensemble s'enfonce dans le ridicule. Par exemple, l'arrivée triomphale et le look exubérant de l'antagoniste principal fait preuve d'un mauvais goût assez prononcé. Mais il n'est pas le seul : parmi ses soldats se trouvent quelques créatures horribles, à peine dignes de figurer au bestiaire des derniers Resident Evil. Le film avait-il vraiment besoin d'intégrer cette dimension fantastique à l'histoire, qui n'a d'autre but que de flatter le fan lambda du Seigneur des Anneaux ?


Cela aurait pu être moins désagréable si le long-métrage ne se prenait pas autant au sérieux. La voix off est assez magique à ce niveau là. Elle revient très régulièrement rappeler au spectateur que les spartiates sont de très grands guerriers, combatifs, sans pitié, comme s'ils avaient quelque chose à prouver. Et cette narration s'éternise, se répète, alors que l'on en a strictement rien à faire. Elle n'arrive même pas à générer un peu d'empathie pour les personnages. La tache était déjà rendue difficile par la prestation misérable des acteurs (sérieusement, c'est ça le haut de carrière de Gerard Butler ? J'ai pouffé de rire plusieurs fois) mais il faut aussi prendre en compte le fait qu'ils sont au mieux des personnages fonction, au pire de la chair à canon. Pourtant, à deux reprises, j'ai cru que Leonidas et sa femme allaient partager un vrai moment d'émotion, mais ce n'est finalement pas le cas : lorsqu'ils couchent ensemble, les ralentis viennent appuyer lourdement sur la situation, et quand ils se font leurs adieux, la musique est bien trop présente pour que la scène soit honnête.


A force d'en faire des caisses et des caisses, Snyder rend son film uniforme : aucune scène ne se situe au dessus ou en dessous des autres, tout reste sur le même plan. Les scènes d'action auraient pu sauver les meubles, mais elles sont tirées vers le bas par un mauvais goût certain et par le fait qu'on ne ressente jamais l'effort physique des personnages. Tout ce qu'on voit, ce sont des hurluberlus s'agiter devant un fond vert, en criant très fort. J'ai peur pour Watchmen.

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le 8 juil. 2016

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