Bon je tiens à rassurer tous ceux qui ne le connaissent pas, Rob Zombie n’est pas un mort-vivant! De son vrai nom Robert Bartleh Cummings, Rob Zombie est un guitariste Américain qui a notamment collaboré avec John 5 et d’autres icônes du métal. Féru de cinéma il se lance dans la réalisation en 2003 avec son fameux La Maison des 1000 morts. Son style se caractérise par une violence brutale et frontale avec une ambiance visuelle et sonore très singulière. Il opte très souvent pour une image granuleuse à la sauce 70’s et ses personnages sont portés sur la bagatelle, si vous voyez ce que je veux dire… En même temps, Redneck oblige ! Bien que ses débuts aient été remarqué, sa «chute» s’amorce avec l’oubliable Halloween 2. Du coup, vous vous doutez bien que son 31 était attendu aussi bien par ses fans que par ses détracteurs.
Nous retrouvons (comme assez souvent) une belle bande de cul-terreux assez limités mentalement qui tiennent une sorte de cirque ambulant. Leur tournée se passe pour le mieux jusqu’à ce qu’au beau milieu d’une partie de jambes en l’air, notre chère bande tombe aux mains de maniaques prêts à jouer avec eux pour le 31 octobre. Ils sont alors victimes d’un jeu sordide où ils devront survivre 12h en étant pourchassés par des tarés en tout genre. Sur le principe le film a l’air intéressant avec son postulat de base, une sorte de Battle Royale à la sauce Zombie, mais que vaut vraiment ce dernier long-métrage?
S’il y a un point sur lequel le film est irréprochable, c’est bel et bien son esthétique. Dès le générique Rob Zombie nous place dans les années 70 avec des clichés type super 8 et une bande son country. Pour le reste du film nous pouvons voir un intérêt certain pour les teintes rougeâtres et la théâtralité des meurtres. Selon les «étapes» que subissent nos protagonistes, un effort remarquable est mis sur les décors et leur incidence sur les survivants. Ces décors, aussi malsains les uns que les autres, ne seraient rien sans les psychopathes qui les accompagnent. Je voudrai surtout en souligner deux d’entre eux: Doom Head et Sick Head.
Le premier est remarquable par son entrée en scène, le film s’ouvre sur un long plan séquence où il fixe le spectateur dans les yeux tout en lui disant que ça va chier. Cela peut paraître banal comme outil cinématographique mais putain qu’il nous fait froid dans le dos. Sérieusement, un psychopathe comme celui là avec du sang sur la partie inférieure de la face, en gros plan (fixe), sans musique et avec les gémissements de sa victime en off… Voilà un sacré méchant qui nous prédit de très TRÈS bonnes choses pour la suite ! Pour le coup on ne se fait pas avoir puisque le personnage de Sick Head est le suivant sur la liste des tourmentés du ciboulot. Rien que son nom devrait vous orienter sur sa personnalité… Vous voyez pas? »Sick Head » ressemble très fortement à »Sieg Heil » quand même. Pour ceux qui avaient trouvé, vous avez tout juste puisque nous avons à faire à un nain néonazi hispanophone… Oui oui, il faut le voir pour le croire. Aussi loufoque que ce personnage puisse paraître il n’en est pas moins intéressant. C’est une petite boule de nerfs totalement imprévisible et machiavélique.
Et bien malheureusement, sur la bonne dizaine d’adversaires que rencontrent nos amis, il n’y a que ces deux là qui restent intéressants. On a clairement une impression de remplissage pour les autres tant ils sont bâclés. C’est tout bête mais ce qui faisait le charme des deux précédemment cités (leur mise en scène et tout le délire dans lequel ils s’inscrivent) est totalement absent chez les autres malfrats. Alors certes, ils ne se ressemblent pas mais on ne leur donne aucune importance ce qui les rend semblable à un piètre niveau intermédiaire de Survival Horror. C’est assez dommage lorsqu’on voit le côté mystique et impressionnant de bestialité qu’avait donné Rob Zombie au Michael Myers de son remake d’Halloween, mais bon… Le plus décevant dans tout ça c’est que les deux méchants les plus intéressant à savoir Doom Head et Sick Head ne sont présent qu‘une vingtaine de minutes ! Non mais merde quoi, deux méchants qui auraient mérité tout un film et on se concentre sur des types au charisme d’une huître morte ou un Malcolm McDowell qui cabotine!
Mais s’il n’y avait que ça… Parce que oui, même les »gentils » ne servent à rien. Dans ce genre de film, LE truc le plus important reste l’empathie que tu dois avoir envers les personnages principaux. Dans Funny Games par exemple, Haneke ne prend pas le temps de nous présenter cette petite famille mais le fait de voir un jeune couple avec leur gosse et leur chien suffit pour que l’on s’attache à eux. Ici, non seulement ces débiles tout droit sorti du bayou n’ont absolument rien d’attachant mais en plus on expédie leur présentation en un quart d’heure. Du coup niveau identification… on repassera quoi. Et c’est bien ça le problème majeur du film, ils subissent des atrocités mais comme on en à rien à carrer, leur sort nous importe peu. Ce qui fait que durant les ¾ du film on s’ennuie un peu, beaucoup même. Le spectateur a limite plus de fascination pour les méchants c’est vous dire!
En plus, durant les scènes de traque et de combat, le montage est épileptique et le cameraman a Parkinson! Le résultat? Des séquences totalement illisibles où l’on ne sait pas où se passe l’action, où se situent les personnages et surtout SURTOUT on a aucune idée de qui est blessé ou mort ! C’est quand même grave d’avoir des personnages dont on ne se rappelle plus à cause de leur vacuité et de leur présentation express, mais si en plus on arrive pas à savoir qui meurt… En revanche, lorsque le film se pose avec un montage plus lent et des plans fixes (ou avec très peu de mouvements), c’est tout simplement génial.
Pour finir, je dois dire que j’attendais beaucoup ce film surtout à cause de son énorme retard. Même si Zombie retourne aux fondements de son oeuvre: du rock, des redneck, du sexe et du gore, le film ne nous propose rien d’intéressant. On se fout royalement de ce qui arrive aux personnages et c’est plutôt dommage pour ce genre de film. Si on rajoute à ça des méchants très peu charismatiques avec les trois « maîtres » (trop peu présents) qui ne servent absolument à rien, les deux clowns à la tronçonneuse qui ne sont que du réchauffé de mauvais films de genre (tout comme l’Allemand avec sa batte et sa copine punk) on est pas sorti du sable comme dirait notre chère Guenièvre.
Les deux seuls antagonistes intéressants restent le nain nazi hispanophone (juste pour l’idée qui est énorme) et le « Joker » 2.0 (chapeau bas à Richard Brake pour son interprétation). Une ouverture et une fin mémorable, une bande de son de folie (comme d’habitude chez Zombie) mais tout ce joli emballage ne cache que la misère restante.

De bonnes intentions mais un tout assez inégal et creux, dommage…

Matcinéphile
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le 7 déc. 2017

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