Rob Zombie nous ouvres les portes de sa nouvelle attraction... Attention c'est surprenant !



Arrêter de brûler des cierges et stopper vos incantations sataniques, le voilà, le loubard du ciné indépendant ricain ; grand franc-maçon de films bis, voir underground quelque part entre Peckinpah, Kenneth Anger et John Waters, Rob « White » Zombie revient au cinéma avec 31. Après la première mondiale au prestigieux festival de Sundance, ce bon vieux Bobby a décidé de poser ses valises au 34ième festival du film fantastique de Bruxelles (le BIFFF), pour sa deuxième projection seulement, de quoi ravir autant les fans du bonhomme que les amateurs de films de genre.
Rendu possible grâce à la magie du crowdfunding (financement participatif), 31, des propres aveux de l’intéressé, serait à ce jour, son film le plus violent. Annoncé depuis mai 2014, le film n’avait, et n’a toujours aucune date officielle de sortie, ce qui laisserait présager une diffusion limitée dans les salles américaines et une place VIP pour le commerce international en DIRECT TO DVD.
Privilégier comme toutes les personnes communément admises dans l’enceinte de la salle n°1 du Palais des Beaux-Arts, l’ambiance particulière du BIFFF dégageait ce soir-là une odeur singulière de soufres et de charognes estampillées au fer rouge avec les initiales 666 bien en évidence.
C’est à ce moment-là que je constatais qu’il serait tout de même difficile de faire passer les fans de Rob Zombie pour des personnes recommandables et qui par la même occasion, semblent tous développer une pilosité affirmée et un penchant pour un style (et pas seulement vestimentaire) tape à l’œil (question de goût) plutôt que pour la sobriété.

Enfin, tout ça pour dire qu’aller voir le nouveau Rob Zombie au BIFFF c’est un peu comme se rendre au Bois de Boulogne, il suffit de regarder autour de soi pour savoir ce qui vous attends.
Le film commence non sans quelques agitations typiques du festival, scène prè-générique, noir et blanc épuré, faux breaking the fourth wall, Richard Brake (un habitué de la maison) le regard halluciné, bourreau volubile au jargon et à la verve plutôt inspirée le tout orchestré par le réalisateur aux faux airs de Charles Manson qui offre là l’une des plus grandes scènes de sa filmo et la meilleure du film.

Ouverture de générique, toujours très vintage chez l’ancien leader des White Zombie (séquence en Super 8 présentant les différents protagonistes, procédé déjà utilisé dans The Devil’s Reject) qui semble plus que jamais vouloir renouer avec un style beaucoup plus brutal et granuleux qu’il avait délaissé dans son précédent film, The Lords of Salem.
Certains gimmicks de réalisation font, eux aussi, leur grand retour comme l’utilisation parfois à outrance du ralenti, d’arrêts sur image, de la caméra à l’épaule qui tremble constamment, Rob Zombie décide, par un manque évident de moyens, de revenir aux fondamentaux.
Mais là où l’américain a certainement surpris une grande partie du public, c’est dans une volonté complètement assumé de faire de 31 une série B presque entièrement portée sur le second degré.
Le musicien/cinéaste, ce n’est pas une nouvelle, est un grand amateur de films d’horreurs mais aussi un grand fana des Marx Brother’s. Du second degré, voire de l’humour noir, il en insufflait pas mal déjà dans ses précédentes œuvres tout en préconisant avant tout une ambiance 1er degré. Avec 31, Zombie a franchi cette dangereuse barrière non sans y perdre quelques plumes.
Si le virage vers le pastiche faussement équivoque est honnêtement négocié (un nain psychopathe adepte du 3ième Reich qui parle espagnole, un colosse allemand porté sur le lac des cygnes, il vous en faut plus ?), le réalisateur du remake plus qu’honorable d’Halloween échoue à quelques reprises lors de transitions de tons plutôt hasardeuses et inutiles, usant maladroitement de retords dramaturgiques qui n’ont pas lieu d’être, surtout dans un tel film.
Néanmoins, Rob Zombie sait offrir, mieux que quiconque un spectacle carnavalesque à la fois sanglant et jouissif, laissant libre court à son imaginaire délirant où morbide côtoie grotesque.
Alliant violence graphique et verbale (et blagues salaces), fournissant un festival d’emphases narratives et de répliques, 31 est un véritable concentré de vulgarités et de trivialités faisant sans conteste de ce bal déréglé et gore, l’apologie du mauvais goût.
Plus proche de son House of 1000 Corpses, le réalisateur américain épuise les stéréotypes du genre pour servir au spectateur de grands moments de bouffonneries pures dans des décors aux allures de trains fantômes et de Freaks show en totale adéquation avec l’esprit de foire cauchemardesque.
Étonnante sixième réalisation pour le bougre marginal à la longue crinière qui aura dû sûrement bien se bidonner avec toute sa click, s’adonnant au passage à quelques facilités scénaristiques, laissant par moment l’impression de perdre le fil au niveau de l’écriture, brouillonne.
Mais qu’importe, malgré les faiblesses de ce 31, le film n’en reste pas moins une bonne série B grand-guignolesque qui nous laissera une fois de plus admirer la plastique toujours appréciable de madame Zombie.

Jogapaka
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le 3 avr. 2016

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