1 Heure 24 de dogmatisme

Je n'avais jamais entendu parler de la République Libre de Wendland, cette micronation créée en 1980 par des activistes/militants antinucléaires (et "écologistes" même si c'est un profond pléonasme) sur le futur site d'enfouissement de déchets radioactifs dans la région de Gorleben. L'occupation de la ZAD a duré 33 jours, où la vie quotidienne était constituée de débats, pièces de théâtre, activités démocratiques, concerts, jusqu'à l'évacuation forcée par les forces de l'ordre.

33 jours d'utopie retrace la vie des militants dans ce "village de la paix" et fait entendre les témoignages d’anciens participants par le travail de recherche du jeune archéologue Attila Dézsi.

Tout dans ce résumé suscitait chez moi un désir d'en savoir plus sur le mouvement et sur l'évolution de pensée de ces anciens militants.

Seulement, le 7ème film de la réalisatrice Roswitha Ziegler ne nous donne rien de cela. Il se contente de nous montrer Attila Dézsi gratter le sol pour en déterrer des fourchettes en plastique, puis des cannettes de Coca-Cola. Sur un film d'une durée relativement courte d'1h24, une heure est consacrée à cette fouille archéologique sans intérêts. "J'ai été surpris par la violence que certains objets ont subis" dit Attila en regardant une cuillère tordue. Il compare ensuite le site archéologique de Gorleben à celui de Pompéi !
Roswitha Ziegler a cru pertinent de conserver cette scène, et tant d'autres, comme si elle n'avait plus rien à exprimer sur ces évènements que les déchets qui jonchent les profondeurs du sol. Faire de ce lieu un site archéologique et le filmer comme tel, c'est donner à ces évènements une certaine grandeur historique. Or, ils n'en sont rien.
Plusieurs fois, Roswitha dit qu'ils ont influencé les décisions du gouvernement allemands en matière de choix énergétiques, mais elle n'en fait ni la démonstration, ni ne fournit de preuve. Elle se contente, de manière malhonnête et sans arguments à l'appui, d'insinuer que l'énergie nucléaire est mauvaise. "L'Allemagne fermera sa filière nucléaire en 2022, c'est déjà ça." La réalisatrice dissémine de manière malhonnête, ses dogmes et ses idées. Elle va, au détour d'un propos autre, inclure par une voix-off, des commentaires personnels fallacieux. Tout ce travail minutieux s'additionne aux images présentées pour induire insidieusement le spectateur vers l'idéologie défendue.

Là où le film aura pu présenter des témoignages passionnants des personnes présentes aux évènements qui, par un certain recul d'une quarantaine d'années, auraient modifié leurs pensées et en aura explicité les raisons. On a l'impression que Roswitha nous manipule en n'interrogeant que des convaincus, elle même étant membre de la coopérative cinématographique Wendland et produisant des films anti-nucléaires depuis les années 80, ne laissant pas de place au doute ou à la réflexion.

Sur le plan technique, c'est d'une grande banalité. Elle entrecoupe les images de la fouille archéologique aux archives de 1980 qu'elle tire de son quatrième film Gorleben: Der Traum von einer Sache. C'est extrêmement convenu et le montage catastrophique entraine un problème de rythme.

Elle nous propose donc un long métrage sans intérêts et manipulateur, qui ne s'en sort même pas sur le plan technique.