J'avais un peu peur de ce film car le synopsis ne me disait pas grand chose et surtout j'avais peur que ça soit de nouveau un film en demi-teinte après le sympa, mais oubliable 7 psychopathes. Là on est déjà plus proche de Bons baisers de Bruges, même si je pense avoir une préférence certaine pour ce dernier.


La force du film c'est ses personnages, je ne trouve pas ça particulièrement bien réalisé (au mieux ça fait le travail, mais sans génie), mais l'écriture des personnages et leur ambivalence, le fait qu'ils ne soient pas manichéens fait pour beaucoup dans l'attachement qu'ils vont procurer au spectateur. En effet, Frances McDormand (ou du moins son personnage) n'est de loin pas unilatéral, oui elle est triste, oui elle a le droit d'être triste, oui elle a perdu sa fille dans des conditions tragiques, oui elle a le droit d'en vouloir à la police et d'afficher ces panneaux, mais ce qu'elle dit est parfois vraiment violent et bien fasciste. Elle veut que tous les mecs soient fichés pour qu'on puisse, en cas de viol, faire des recoupements et retrouver le coupable.


Martin McDonagh n'est pas en train de faire l'apologie de ce genre de comportement, mais il n'est pas non plus en train de juger, il montre juste des personnages dans une petite ville pas très riche qui sont perdus et sans réels repères.


L'autre personnage fort est celui de Sam Rockwell, insupportable au début du film, il va gagner en profondeur avec les épreuves et fait preuve d'une réelle folie et d'une maladresse qui arrive à être touchante, même si je dois dire que la manière avec laquelle il parle de sa mère, comme un enfant en parlerait, est un peu maladroite et ne réussit pas totalement à faire sourire parce qu'on sent que c'est là juste pour ridiculiser un peu le personnage et qu'il n'avait pas réellement besoin de dire ça.


Ensuite on a Woody Harrelson qui est lui aussi vraiment bon avec son rôle de chef de la police cancéreux. C'est d'ailleurs le seul personnage qui n'est pas pourri, qui garde un sens de la justice, qui ne cède pas au ressentiment et même sa blague finale est assez drôle (même si c'était prévisible).


Donc c'est réellement un plaisir de voir le chaos et les alliances se faire et se défaire autour de ses personnages, même si je pense qu'en terme de folie pure on n'atteint pas un film comme Killer Joe. Limite à la fin du film j'en voulais plus, car on brasse pas mal d'émotions, on a du suspens, mais j'ai l'impression que le soufflé retombe un peu, sans que la fin soit mauvaise, mais elle est juste convenue et très cinégénique et fait alors un peu tâche comparé au reste qui était un peu plus audacieux que ça, ou qui du moins était un peu gentillet.


Bref, sans que ça soit la folie, j'ai bien aimé, même si je ne pense pas que ça fera date, et que ça sera bien vite oublié la faute à la mise en scène pas aussi aiguisée que chez les frères Coen par exemple.

Moizi
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le 20 janv. 2018

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Moizi

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