Variations autour de Némésis.

Le film n'est pas aussi bon qu'il aurait pu être. Que l'on passe un bon moment autour de ce film est vrai, mais l'idée de faire de lui "un chef d'oeuvre révolutionnaire" est une escroquerie emplie de malhonnêteté intellectuelle. Il y a une certaine originalité dans ce film à de nombreux points de vue, et même quelques moments de grâce proches de la perfection, mais très franchement, ce film est très loin de se hisser au sommet. En fait, cette histoire d'une femme ayant perdu sa fille lors d'un viol crapuleux qui décide de faire bouger les choses en affichant un message sur des panneaux de l'entrée de la ville afin de faire pression sur la police est déjà assez incroyable par sa forme. En effet, le film ne commence pas avec le point de départ de l'histoire (le meurtre de la jeune fille) et ne termine même pas par la fin de ce même film (l'assassinat d'un violeur ou non). Il est centré sur un entre-deux et se focalise sur une seule chose : la vengeance. 3 Billboards est un film centré sur une réflexion personnelle sur la revanche, et uniquement sur ce thème. Toutes les histoires racontées par ce film (la vie conjugale, la disparition, les rapports avec les policiers) entrent dans cette dissertation. Il y a quelque chose d'assez étrange finalement à la vue de ce film et de très plaisant, mais quelque chose manque : mais peut-être est ce fait exprès justement ?

Le film brille par le jeu de ses acteurs, notamment et évidemment celui de Frances McDormand qui resplendit de tout ces feux et qui mérite évidemment l'oscar de la meilleure actrice. Parfois un brin caricatural, son interprétation de Mildred Hayes sonne juste : pleine de froideur caustique, de tristesse et de colère. Le jeu des autres acteurs sont ensuite assez équivalents par leurs talents. Finalement, le synopsis les dessert un peu par quelques scènes franchement dérangeantes de nullité (notamment le flash-back avec la fille de Mildred qui m'a fait hurler) et surtout par une bande-son de country effroyablement insupportable qui m'a régulièrement donné envie de me pendre. Les clichés beaufs peu crédibles se mêlant à des sortes de personnages parfois incompréhensibles (les jeunes filles qui ont toute l'air stupide made in LA) font du film une sorte de sac de nœud dont on ne sait s'il est du chèvre ou du chou. L'humour est évidemment l'un des points positifs du film, mais parfois se retourne contre lui. La manière de filmer est somme toute assez classique, mais efficace. Quelques scènes sont magnifiques : le dialogue avec le pasteur, avec la biche ou encore le dialogue final. Le soucis principal est celui du fond : que cherche à nous dire le réalisateur avec ce décor en carton-pâte du Wisconsin ? Dit-il réellement quelque chose ?