Il est certains films que l'on peut faire revivre simplement en écoutant leurs bandes son. Les personnages, l'ambiance, des plans, des couleurs, des émotions, voire même des scènes vous reviennent à l'esprit rien qu'à l'écoute de la musique. C'est peut-être un détail pour vous, mais vous l'aurez compris, pour moi ça veut dire beaucoup. C'est la marque d'un film qui a réussi son pari de vous immerger complètement dans son atmosphère et vous marquer de son empreinte.
Three Billboards Outside Ebbing est un de ces films, Martin McDonagh a réussi à créer un ensemble qui marque.
Le film parvient à se battir une identité, sous des airs de Tarantino atténué côté épique. Ce que j'aime dans ce cinéma c'est cette forme d'honnêteté : le réalisateur n'essaie pas de vous faire croire à quelque chose d'invraisemblable, ne tombe dans aucune facilité scénaristique, et n'a pas besoin de sensationnel outrageux pour rendre son film intense et prenant. C'est d'un plaisir incontestable, et ça passe par une attention particulière portée à tous les détails dans cette directive simple mais bien trop souvent bafouée : l'histoire ne doit pas envahir le spectateur, mais l'accueillir.
Déjà, point essentiel, le scénario est irréprochable. Les choix scenaristiques sont pertinents, sans manquer d'être parfois surprenants, et le potentiel du pitch est réellement exploité. L'écriture des personnages est convaincante, leur évolution au cours du film est vraiment réussie et intriguante. Les personnages de Dixon et Willoughby sont passionants, et Frances McDormand joue à merveille.
Si l'approche des personnages principaux est une franche réussite, on peut cependant déplorer que
le potentiel du fils et du père ne soit pas plus exploité. Je ne prétend pas que le film aurait été meilleur ainsi, mais j'ai le sentiment qu'il y avait de quoi en faire quelque chose, et peut-être densifier un tout petit peu le film au passage ! Quand on voit tout ce que McDonagh arrive à tirer du personnage de Welby on se dit qu'on pourrait en attendre encore plus pour ces deux autres personnages. Mais tout cela n'est qu'accessoire, l'essentiel et même plus est réalisé de main de maître !
Du côté de l'image, on retrouve les teintes de l'affiche, ponctuées de verdure et parfois d'obscurité, le rendu est très appréciable. Les panneaux présentent un intérêt visuel, ils offrent de nombreuses possibilités et sont bien utilisés à mon goût.
Tout ce travail permet au film de proposer des scènes magnifiques, présentes en nombre conséquent.
(de manière non exhaustive, le passage du suicide de Willoughby, l'incendie des panneaux et celui du poste, la colère incontrolable de Dixon,...)
À tout ceci s'ajoutent le bagage satirique du film, un humour contrastant avec le sérieux global, une fin intéressante, ou encore un casting qui pourrait bien rafler quelques oscar.
Je ne peux que finir en invoquant la bande son, que j'ai adoré, et qui apporte beaucoup à certaines scènes, en particulier la première citée ci-dessus qui restera pour moi le point culminant du film !
En bref, un excellent film auquel on peine à trouver des défauts, et dont on aimerais voir plus de semblables en salle !