Three billboards est l'histoire d'une vengeance, comme en témoigne le titre français.

C'est la vengeance d'une femme, Mildred, dont la fille a été assassiné il y a quelques mois et qui décide de mettre des affiches publicitaires sur des panneaux aux portes de la petite ville d'Ebbing dans le Missouri. Ces panneaux ont pour but de faire réagir la police et les citoyens face au drame qui lui est arrivé, pour que l'enquête puisse reprendre et aboutir à la condamnation du violeur et meurtrier de sa fille.

Mildred est enragée et déterminée. On ressent profondément à quel point tout a disparu autour d'elle et que seule une chose subsiste: la rage, la vengeance et la violence s'il faut pour parvenir à ses fins. C'est là tout le propos du film. La vengeance. La vengeance qui desservirait presque son objectif de trouver le meurtrier de sa fille (en témoigne la scène où elle incendie le poste de police dans une rage folle, sans se soucier du fait que le dossier puisse bruler).

Pour résumer grossièrement le message du film, la vengeance ne résout rien. La vie est trop courte pour être habité par la haine, il faut faire de son mieux pour aider son prochain et donner de la joie autour de soi. Un message somme toute très optimiste, presque hippie si j'ose dire.

Au début du film tout est très binaire: les méchants flics ne font rien pour résoudre l'affaire et la pauvre Mildred fait tout pour que le coupable soit retrouvé, et elle a bien raison, sa fille est morte!

Puis on découvre Woody Harrelson, le chef de la police, une bonne patte. Un mec sympa qui n'arrive juste pas à retrouver le meurtrier de cette gamine, faute de preuve. Un mec qui souffre de voir que l'enquête n'avance pas. Ce mec est si gentil qu'il préserve sa femme et ses filles de l'état grabataire dans lequel il pourrait se retrouver à cause de son cancer et se donne la mort. Bref, tout le monde aimait Bill Willoughby.

Et c'est ce personnage qui, de part sa mort, va insuffler une morale à tous les autres : A Mildred en l'aidant à payer les panneaux et en lui présentant ses excuses pour ne pas avoir retrouver le meurtrier mais aussi et surtout à Dixon (Sam Rockwell) le flic taré, raciste et homophobe qui n'a que de la haine en lui. C'est grâce au personnage de Harrelson que Dixon prends conscience que c'est un connard et qu'il doit commencer à faire le bien autour de lui.

La fin du film exprime également cette morale puisque Mildred et Dixon qui était prêt à en découdre avec un potentiel violeur se demandent si ce serait une bonne idée finalement. D'une manière presque apaisée, ils se sourit et se disent que "orf on verra bien sur le chemin si on a encore envie de le buter" alors qu'en réalité on comprends bien que non, qu'ils sont passés à autre chose et qu'ils veulent tous les deux lâcher prise; lâcher cette haine qu'ils ont en eux.

On comprends parfaitement que la perte d'un proche (sa fille pour Mildred et son père pour Dixon) peut nous mettre en colère et nous donner de la haine et c'est certainement une étape nécessaire du deuil. Mais il y a un moment où "we have to let it go", on doit lâcher prise et arrêter d'être dans un esprit de haine et de vengeance vis à vis de tout ce qui nous entoure, car rien ne nous ramènera ce proche.

On comprends parfaitement que Mildred soit en colère car l'enquête n'avance pas et au début on ne peut qu'être complètement compatissant avec elle. Mais à mesure que le film avance on comprends qu'elle n'agit que par colère et sans véritable raison, allant même jusqu'à (presque) commettre des meurtres, ce qui est paradoxal.

Ce que le film nous dis c'est que tout ça ne sert à rien. Au contraire, ça empire les choses, c'est toxique pour vous et pour les gens qui vous entourent, ça n'apporte que de mauvaises choses alors il faut passer à autre chose et insuffler de la joie et du bonheur autour de soi.

Pour parler du film en lui même, la réalisation est fabuleuse, la photographie également. Martin McDonagh qui, rappelons le est irlandais, arrive à capter complètement l'ambiance du sud des Etats-Unis. La BO pleine de blues et de guitare folk nous plonge également complètement dans cette ambiance. J'avais presque l'impression d'être dans un épisode de True Detective.

Le rythme est plutôt lent, le film nous installe petit à petit dans ce village et nous présente les différents personnages, mais ça ne signifie pas que c'est ennuyant, loin de là.

Tous les personnages sont extrêmement bien écrits et on arrive à comprendre les motivations de chacun meme les plus pourris.

Mais si tout ça est une réussite c'est bien parce que les performances des acteurs sont tout simplement époustouflantes, et surtout deux d'entre elles:

Frances McDormand crève l'écran, elle fait peur, elle est froide et en même temps t'as bien envie d'être pote avec elle pour la voir casser des gueules. On est complètement embarqué avec elle dans sa quête et en même temps on se questionne sur elle.

Sam Rockwell est absolument fantastique. C'est une vrai vrai vrai raclure du sud des USA, il en est presque caricatural. Toutefois, sa performance est toujours d'une justesse folle et on s'émeut du chemin que prends le personnage à mesure que le film avance, il est extraordinaire. Oscar bien mérité.

Ce film est un film sur la vengeance et tout ce qu'elle peut avoir de néfaste malgré le fait qu'on pense en avoir besoin pour passer à autre chose, mais ce qu'il importe le plus c'est de rester fixer sur notre présent et de lâcher prise du passé.

Paupau_crts
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le 4 janv. 2023

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