Le grand Jageera, le plus terrible des terroristes islamistes pakistanais, recherché par les polices de 21 pays, et sa fine équipe de bras droits, dont le fidèle Abdullah, menacent de tuer la famille du premier ministre Indien. La tentative échoue grâce au courage du docteur Suraj (Avinash Wadhavan), un séducteur en pleine réussite. Le frère de Jageera chargé de l'opération est malheureusement tué par la police. Jageera et sa bande vont alors prendre le Dr Suraj et sa femme en otage dans leur maison. Jeu de pouvoir d'influence et d'argent, la tension monte dangereusement entre les 4 murs...


Il y a des nanars qui véhiculent une réputation très flatteuse (cf chronique de la chose sur Nanarland) mais auxquels on n'ose s'attaquer seul sachant d'une que c'est surement très mauvais, et de deux dans le cas présent, qu'il dure au minimum 2h30 puisqu'il est Bollywoodien. Une séance collective est donc une bonne occasion de tenter à plusieurs ce que l'on n'ose faire seul. Choisi au départ pour seule envie d'en voir quelques images, 7 Aatankwadi s'avère très vite tellement affolant et jubilatoire qu'il mérite sans crainte ses 2h30 et sans télécommande qui plus est.

Considéré comme un poids lourd kitch même chez les amateurs de Bollywood, 7 Aatankwadi est aussi un vrai nanar ultra juteux réalisé et interprété avec passion, tellement mal réalisé et premier degré qu'il en devient très vite à mourir de rire, dès les premières images en fait. Mais le challenge très ardu de ce type de sous-productions reste de tenir la route et mieux de tenir en haleine malgré tout. De ce côté là, 7 Aatankwadi est une réussite totale. Rarement, on aura été aussi intéressé par les virages que prend un scénario et ce malgré la profonde débilité de l'ensemble. Peut-être aussi parce qu'il date de 2005 et non des années 80.

Mise à part ce scénario patriotique et anti-terroriste à suspens avec de l'amour dedans aussi lobotomisant par son insistance que surprenant par ses directions imprévisibles, l'œuvre accumule du très lourd dans tous les compartiments. Le cast pour commencer ne fait pas dans la demi mesure. Avec le docteur Suraj pour commencer, héros de la nation fier de sa maison qui montre inlassablement son incorruptibilité, le terroriste ultime, Jageera, molosse moustachu persuadé que tout à un prix et dont le mot cabotinage n'a plus de secret depuis des lustres, Abdullah le bras droit, improbable Iznogoud Bollywoodien dont le regard vitreux de poisson lune laisse pantois dès sa première apparition, le premier ministre adepte du regard caméra et secrètement amoureux du héros (si, si, c'est un fait), trois autres terroristes sans cerveau (sic), qui le soir même de la mort de leur copain vont fêter l'évènement en s'éclatant dans une boîte où une jolie potelée chante sa passion des téléphones portables, et une bonne dose supplémentaire de non-acteurs ébouriffants et de non-actrices à talons compensés, le film pose déjà une première couche conséquente.

La mise en scène est elle aussi un autre argument de poids qui cherche clairement à repousser les limites de l'héroïsme Bollywoodien dans des retranchements impensables de subterfuges inavouables. Pour dire, on ose même pas casser un téléphone portable de peur d'exploser le budget. On reste très loin aussi de la frénésie Turque. L'action est loin d'être le nœud de l'affaire. L'objectif le plus probable de cette mise en scène car il s'agit bien de cela (il y a une vraie idée derrière chaque plan) semble le vertige des sens, jusqu'à la nausée. Du champ contre-champ rotatif qui n'en finit plus de rotater, des zooms épileptiques étrangement paniqués à l'approche d'un téléphone (ne me demandez pas pourquoi), des erreurs de raccords capillaires, des combats à mains nus plus nuls encore que ceux des Turcs, des gunfights champion du monde de l'inefficacité avec des pistolets en plastique qui se rechargent à chaque balle tirée, d'autres plans zoomés et répétés à la chaîne avec férocité, des contre plongées hideuses, etc, le réalisateur aussi inconnu que le film, Harvinder Pal, fait preuve d'une incompétence aussi gigantesque que son envie d'en mettre plein la vue côté tension et suspense insoutenable.

Mais plus que la distribution hallucinogène, la Maison décor façon AB Prod, les effets spéciaux et les moyens techniques proche du néant et la mise en scène "aujourd'hui, les zooms" digne du jamais vu, c'est véritablement le récit, les méandres du scénario oserais-je dire, le recyclage ultime du genre suspense à huis clos Hollywoodien, les répliques imparables ("Tu es comme la queue du chien, tu ne seras jamais droite"), les idéologies dispensées collectivement telles un désemparant bourrage de crâne scolaire, la psychologie des personnages friable à souhait et pourtant creusée avec insistance, le duo principal quasi Shakespearien, le tissu social, politique, nationaliste et anti-terroriste délicieusement surprenant, la fixation inexplicable sur les téléphones, les joyeuses latences interminables, le sous-titrage français approximatif très en forme et un twist final aussi brillant qu'idiot pour finir, qui font de 7 Aatankwadi un tout grand nanar made in Bollywood, une véritable œuvre à part entière dont la surprise sait se renouveler jusqu'à l'ultime plan final.

Une vision en groupe est fortement recommandée. Le dvd se dégotte dans les bouibouis du quartier Indien avec un sous-titrage en Français made in google translate qui ne vous lâchera pas d'une semelle.
drélium
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le 21 janv. 2011

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