8 femmes par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine campagne, durant un rude hiver des années cinquante, huit femmes sont réunies dans une immense demeure en compagnie de Marcel, l'homme de maison. Une épaisse couche de neige entoure la bâtisse et les routes environnantes sont pour ainsi dire impraticables. Un matin, Marcel est retrouvé mort dans sa chambre. Qui peut être l'auteur de ce forfait au mobile non établi? Forcément l'une des huit femmes mais laquelle et pour quelle raison? C'est alors que la bonne entente de ces charmantes locataires va voler en éclats. L'affrontement sera terrible, les rancoeurs et les vieilles querelles depuis longtemps enterrées vont rejaillir. Ces huit femmes, s'accusant mutuellement, ne se feront aucune concession et les masques vont tomber. Malgré ces empoignades, le coupable reste introuvable. Qui a pu tuer Marcel? Surprise...


C'est dans un huis clos bizarre et mystérieux que nous entraîne François Ozon. Dans cette grande maison où Noël se prépare, un grand cri d'effroi va refroidir l'atmosphère et dérégler les relations courtoises et paraît-il amicales de tout ce petit monde. Ces jolies et élégantes dames aux "bons principes" vont sortir alors leur langue de vipère; la haine et la suspicion vont alors régner dans la demeure. Ce sujet est en fait des plus réalistes car il nous permet de découvrir avec une certaine finesse leur hypocrisie , chacune tentant de faire bonne figure l'une envers l'autre. De ce point de vue, le réalisateur, étant également le dialoguiste,ne s'en prive pas en introduisant des répliques assez percutantes que s'adressent ces femmes remontées et soupçonneuses. Et pour cause,si on y regarde de près, chacune a le profil d'une coupable potentielle . Malgré le caractère agressif ou sournois des personnages et malgré une situation des plus dramatiques, il se dégage un certain humour noir et corrosif dans leurs répliques mais aussi dans leurs attitudes. Dans ce film où le suspens est fort bien mené et rythmé pour nous faire découvrir une fin très surprenante, François Ozon utilise assez astucieusement des ritournelles bien connues de tous en les faisant interpréter par ses personnages. Cette originalité permet à ceux-ci de nous livrer avec une certaine malice et de façon un peu désuète le fond de leur personnalité et leurs états d'âme.


Pour cette intrigue en vase clos, il est très drôle et surprenant de voir évoluer dans des rôles souvent à contre-emploi ces femmes talentueuses qui nous sont tant familières et qui cette fois encore ne nous déçoivent pas. Dans cette débauche de croche-pieds et de règlements de compte en tous genres, j'aimerais décerner une mention particulière à Fanny Ardant, Isabelle Huppert et Catherine Deneuve. Tout ce beau monde semble passer un agréable moment devant la caméra, nous un peu moins avec ce film qui est très loin d'être un chef-d'oeuvre. Toutefois, si le coeur vous en dit, laissez vous tenter un jour de pluie pour essayer de vous divertir en compagnie de grandes comédiennes.


J'oubliais, je me dois de vous présenter le nom du seul homme de cette aventure peu banale, il s'agit de Dominique Lamure.... la pauvre victime à l'origine de ce pugilat.

Grard-Rocher
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le 13 avr. 2013

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