Buzz-movie un peu foireux qui n'a fait vaguement parler de lui que chez les adeptes de sub-cultures, 8th Wonderland avait pourtant tout pour lui, du moins sur le papier. Partant d'un postulat simple, il mettait en avant la légitimité d'une nation virtuelle composée d'internautes — donc des personnes réelles — de devenir une nation à part entière, reposant évidemment sur un concept de démocratie. Une nation ouverte à tout le monde, aux occidentaux, asiatiques, africains, bref, cosmopolite, sans discriminations, et dont le but ultime est de s'imposer et faire fléchir le G20, composé de grosses légumes qui ne s'intéressent qu'à leur nombril.
C'est beau, c'est utopique, mais ça tourne très vite en rond. Le discours ne se focalisant que sur très peu de sujets, les chatrooms meublent le film qui patauge inlassablement, et ce sont finalement les quelques paroles chocs, souvent évidentes, qui viendront sauver la chaloupe du naufrage. Car tout est dans sa fin et dans le plan de 8th Wonderland, qui a trouvé l'argument aussi imparable qu'il est immoral et cruel.

Bref, 8th Wonderland semble être un délire de geeks qui ont tripé après avoir vu War Games et constaté le succès de réseaux sociaux comme Facebook. L'idée de départ est bonne, et le film mérite d'être vu, au moins une fois.
C'est dommage, car quand de bons scénaristes écrivent des fictions liées à l'informatique, ils font de bonnes histoires, mais criblées d'erreurs qui indignent la communauté geek, alors qu'à l'inverse, quand des connaisseurs tentent la chose, ils évitent les incohérences technologiques, mais peinent à développer une idée et finissent par broder pendant 1h30 avant de finalement dire ce qu'ils avaient à dire.
L'humour, très présent et tentant d'être acerbe tombe la plupart du temps à plat, et l'on a l'impression de suivre une succession de gazouillis d'un mec bourré qui tweet depuis son iPhone à 3h du mat. On comptera parmi celles-ci l'usurpateur qui s'appelle John Mc Clane, ou encore les membres de l'équipe de Swat qui sont nommés comme ceux d'Aliens (Vasquez, Hicks, Apone, Hudson...). D'autres sont néanmoins plus amusantes, dont l'extrait de Question pour un champion ou l'apparition de Nikos Aliagas, mais ça reste léger et destiné à faire une bande-annonce.
Budget oblige, la technique est très moyenne, souvent filmée de façon médiocre et semblant ne pas être passée par la case étalonnage, donnant un aspect très « série de France 3″, mais l'on sent néanmoins une volonté de bien faire et l'on aura vite fait de faire abstraction de ces détails.
Évidemment il ne sera pas la peine de parler des acteurs, qui semblent se livrer une lutte acharnée pour savoir qui est le plus mauvais (en tout cas on sait lequel est le meilleur, c'est Julien Lepers).
Pour conclure, si l'on a un niveau de tolérance permettant d'aller au-delà de la forme, 8th Wonderland pourra montrer des facettes intéressantes, même si son fond brasse beaucoup de vent. Les plus sourcilleux auront en revanche beaucoup de mal à croire en ce monde dont les jeux immoraux ébranlent la bienséance d'une façon à laquelle seul un public d'habitués pourra se montrer sensible.
Mention spéciale pour la métaphore des humains qui se comportent comme des cafards; une des bonnes choses du film.
SlashersHouse
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le 26 oct. 2011

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